Bégard – Commémoration du 11 novembre – Quand les enfants éclairent la tristesse du souvenir (Galerie)

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Date de l'évènement: 
Dimanche, 11 Novembre, 2018

Dimanche 11 novembre (2018), pour le centenaire du cessez-le-feu de 1918, le maire, Vincent Clec'h avait désiré changer quelque peu le protocole commémoratif. C'est donc tout d'abord à Trézélan que fut déposée une gerbe en présence d'une trentaine de personnes, dont quelques jeunes qui ont laissé une rose au pied de la stèle fixée dans l'église et porteuse des 54 noms des disparus de Trézélan.

Après que Jean-Yves Jaguin, l'adjoint à la citoyenneté, eut lu le message du Président de la République [NDLR : Le message est joint ICI], les clôches de l'église de Trézélan ont sonné plus de 2 minutes, "comme elles sonnèrent, partout en France, il y a 100 ans à l'annonce de la fin des combats" explique Pierre Martin, le maître de cérémonie. En ce jour de centenaire, elles sonnèrent la fin de la cérémonie de Trézélan, laquelle s'est poursuivie à la mairie et au monument aux morts de la commune.

Au départ de la mairie, derrière la fanfare de Guingamp et les porte-drapeaux, un cortège composé de nombreux enfants des écoles de Baloré et d'Anne Leroy, de parents, d'enseignants, de représentants des corps constitués et des associations, de citoyens, d'anciens combattants, d'une vingtaine d'élus communaux... s'est mis en route en direction du monument aux morts où deux gerbes ont été déposées, l'une par Vincent Clec'h et l'autre par le député Yannick Kerlogot. Ce sont ensuite les enfants des écoles, qui se sont succédés pour venir déposer une rose sur le monument. Après une deuxième lecture du message d'Emmanuel Macron – du moins pour ceux qui s'étaient rendus à Trézélan – faite par le maire, le maître de cérémonie, Pierre Martin, a introduit Serge Falézan, le président du Comité Départemental du sport en milieu rural, à l'initiative du gravage d'une plaque dédiée à la mémoire des lutteurs bretons qui sont morts au champ d'honneur durant la guerre 14-18.  

"La bretagne procura environ 593.000 soldats, dont 130.000 y laissèrent leur vie, présente Serge Falézan ; Notre comité département de jeux de force breton - C'hoariou Tréger – a souhaité, pour ce centenaire commémoratif, rendre hommage aux lutteurs et pratiquants de jeux de force, en leur dédiant une plaque nominative. Ce travail de recensement n'avait pas encore été réalisé pour cette période". Il rappelle qu'au moment de la mobilisation de 1914, les fêtes locales battaient leur plein en basse Bretagne. Les affiches annonçaient des jeux de boules, des courses en sac, des concours de buveurs de cidre, de grandes luttes bretonnes et des jeux de force comme le lever de sacs de sable, le soulever de civières, le lancer de pierres pesantes, le jet de boulets, le tir à la corde... "Ces hommes forts étaient de véritables héros dans leurs villages. Chaque commune avait son champion, ou ses champions, dont la notoriété dépassait parfois ses frontières. Ces héros locaux s'illustrèrent bien souvent sur le front comme en témoignent les appréciations inscrites sur leur fiche militaire. Hélas, quelques-uns ne reverront plus leur Bretagne natale" et de conclure, après avoir remercié le maire et la commune "et tous ceux qui nous ont aidés pour la réalisation de cette plaque", en déclarant : "Afin que les générations futures s'en souviennent, nous avons fait graver leurs noms sur une plaque qui sera scellée sur les territoire publique communale de cette ville, près de la salle de combat où sont dispensés les entrainements de gouren" puis en lisant les 23 noms des lutteurs recensés en Côtes d'Armor, ainsi que les sept noms des Finistériens et les cinq noms des Morbihannais.

Les élèves d'Anne Leroy, sous la conduite du directeur Jean-François Ollivier ont ensuite lu un poème de René Arcos intitulé « Tout n'est peut-être pas perdu », "... puisqu'il nous reste au fond de l'être / Plus de richesses et de gloire / Qu'aucun vainqueur ne peut atteindre / Plus de tendresse au fond du cœur... " [NDLR : L'intégralité du poème est disponible ICI] puis ce fut au tour d'Emma et d'Alicia, deux élèves de l'école de Baloré, de lire à deux voix le message de l'UFAC [NDLR : Lire le message intégral ICI].

Enfin, pour clore cet instant multigénérationnel, et avant de retourner en mairie, toujours derrière la musique de Guingamp et les porte-drapeaux, les élèves de Baloré ont entonné tous ensemble la chanson "Imagine", qui fut inspirée à John Lennon par l'espoir d'un monde de paix, sans pays, sans religion, dixit Yoko Ono, coproductrice du titre.

En mairie, Pierre Martin a ensuite remis la médaille de dix ans de porte-drapeau au jeune Maël Le Gall. "C'est un problème récurrent dans toutes les associations d'anciens combattants. On a énormément de mal à trouver des porte-drapeaux" déclare-t-il, ajoutant qu'il accueillait "avec plaisir, tous les jeunes, à partir de 16 ans, qui voudraient porter les drapeaux d'anciens combattants lors des cérémonies".

Le député Yannick Kerlogot intervient ensuite ; Il dit se réjouir et être touché de voir autant d'enfants. Il salue les enseignants et les parents et déclare, en s'adressant aux jeunes élèves : "J'espère que vous mesurez, chers enfants, à la fois la solennité mais aussi l'importance de cet évènement par rapport aux aïeux, aux morts que nous honorons. Sans doute avez-vous mesuré avec nous ce que veut dire une guerre, ce qu'elle entraine et je veux rappeler que vous incarnez l'espoir, le renouveau [...] et que vous portez des valeurs de respect de la démocratie, du respect de chacun, quelle que soit sa différence". Il insiste sur l'importance de la collecte des souvenirs de la guerre qui a été organisée autour de cet évènement. "Elle montre une chose : ces témoignages ont échappé à la négligence des générations successives que certains critiquent. Des citoyens ont pris le soin, partout en France, de transmettre ces objets et ces documents, liens de papier tissés entre le front et l'arrière". Il se fait lanceur d'alerte : "Nous vivons à une époque où l'idée d'une guerre européenne paraît lointaine, mais en prêtant l'oreille, nous entendons qu'elle n'est pas éradiquée". Pour ne plus la vivre, cette guerre, il faut selon lui, "la rendre familière d'une certaine manière" : "Sachons en expliquer les mécanismes funestes, donnons à comprendre l'inimaginable, sachons dénoncer l'absurde et respectons ceux qui ont donné leur sang ou leur vie pour garantir un avenir meilleur. Nous tirerons ainsi les leçons de 14-18".

la grande guerre. Nous sommes réunis pour commémorer le centenaire de l'armistice signée en forêt de Compiègne, dans la clairière de Rethondes, pour honorer le souvenir et la mémoire des poilus, plutôt que la victoire sur les allemands". Pour lui, il n'est pas possible de parler de victoire quand on dénombre, au lendemain de la guerre, et uniquement pour la France, 1.400.000 de morts dont 600.000 victimes civiles et 3.000.000 de mutilés, de blessés, de « gueules cassées ». Il rappelle que chaque ville, chaque village, chaque famille, a connu le malheur et le deuil. "Notre ville elle-même a payé un lourd tribut. Les noms des morts sont à jamais gravés sur nos monuments : 259 sur le monument aux morts de Bégard et 54 sur celui de Trézélan". Il appelle à rêver, "à rêver du jour où le retour de la paix ne sera plus seulement, comme l'écrivait Jean Giraudoux [NDLR : Amphitryon 38 (1929)], l'intervalle entre deux guerres, mais plutôt, comme le voulait le philosophe Emmanuel Kant, l'aube d'une paix perpétuelle [NDLR : Vers la paix perpétuelle – Essai philosophique de 1795]". Poursuivant son référencement hautement littéraire, il cite Paul Valéry – « l'histoire donne à l'avenir les moyens d'être pensé » - et déclare que "l'histoire donne les clés pour comprendre notre présent et les moyens de penser notre avenir et c'est bien le sens de cette commémoration. Chaque 11 novembre est l'occasion de se souvenir qu'une guerre ne vient jamais par hasard. Transmettons les leçons du passé par les mots et l'éducation". Il se félicite de la présence de nombreux enfants des écoles à cette cérémonie : "Ils auront demain la responsabilité de notre héritage. Transmettons à nos enfants les valeurs de la paix. Souvenons-nous que si l'expérience de la vie aide un homme à se bâtir, l'expérience de l'histoire aide un peuple à se construire".

En clôture, il récompense Pascal Lamotte et André Simon pour l'exposition qu'ils ont proposée en mairie en leur remettant le livre de Bégard, en remerciement du travail qu'ils ont fait auprès du public et des enfants des écoles [NDLR : Voir La guerre 14-18 expliquée aux jeunes Bégarrois (article et vidéo)]. Il remercie de la même façon Serge Falézan à l'initiative de l'hommage rendu aux pratiquants de lutte et de jeux de force bretons, tombés durant la guerre 14-18.

La cérémonie s'est terminée devant un vin d'honneur et pour cet évènement, cette fois-ci, la salle des mariages est apparue aussi petite qu'était grande cette commémoration très réussie.

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