Bégard - Philippe Poutou à Bégard, pour faire entendre la voix du NPA

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Date de l'évènement: 
Mercredi, 15 Février, 2017

Mercredi 15 février (2017), dans la salle des fêtes où s'était réunie une petite centaine d'auditeurs, la soirée était placée sous le signe des revendications, celles du Nouveau Parti Anticapitaliste, alias NPA, et Philippe Poutou, l'homme-orchestre de cette formation politique, "him self", avait fait le déplacement ! Après ...

... quelques interventions de militants locaux qui se sont exprimés sur des problématiques, elles aussi locales – projets miniers, sables coquillers, santé et services sociaux – dans une intervention ininterrompue et volubile de plus d'une heure, il s'est attaché à faire une revue de détail de tout ce qui blesse les convictions des militants du NPA et à lancer un appel pour organiser les luttes, à l'échelle nationale et internationale, tout en précisant en avant-propos, la position du NPA dans le processus actuel de la campagne électorale : "Vous l'avez compris, je suis candidat à la présidentielle et forcément je vais vous parler de la campagne électorale, de ce que vient faire le NPA dans cette campagne, mais pas seulement : on a envie de discuter de la situation politique et sociale et des perspectives qu'il y a, bien au-delà des élections". Pour lui, le problème de la position du NPA dans cette campagne se résume à deux paradoxes ; Le premier, c'est, "d'abord, qu'on ne pense pas aux élections, mais on y participe, car on veut faire entendre autre chose" et ensuite, "c'est qu'on se présente aux présidentielles mais on n'a pas envie d'être président !". "Mais la campagne, c'est l'occasion de poser les problèmes politiques, de démocratie, de pouvoir, de pouvoir collectif, explique-t-il ; On n'est pas du tout hors sujet, même si des fois on veut nous faire croire qu'on est là pour pas grand-chose, puisqu'on ne veut pas être président et qu'on n'y croit pas ! Mais si ! On a des tas de choses à dire… C'est un rendez-vous politique, un rendez-vous dit démocratique, le plus important du calendrier électoral, donc on n'a pas de raison d'être absent, de déserter ; On doit montrer qu'on est là, que des idées anticapitalistes existent". Pour lui, le NPA se veut être un des représentants "d'instances (?) sociales souvent invisibles du point de vue de la prise de parole, invisibles au parlement, invisibles un peu partout et pourtant, ces gens-là existent : ils s'appellent les exploités, les opprimés, les travailleurs, les salariés, les gens d'en bas".

Il évoque ensuite l'état des forces en présence dans cette campagne qui a commencé, "un peu sans nous d'un point de vue médiatique… désolé ! On frappe à la porte, mais on ne nous ouvre pas tellement", et qui s'annonçait, selon lui, "archi sécuritaire, dominée par la lutte anti-terroriste, moulinée par des surenchères réactionnaires et anti libérales" et si tout y est néanmoins, toujours selon lui, elle a aussi démarré sur des bases différentes : "La première surprise, c'est de voir comment tous les gros, censés être à l'abri, se sont fait dégager, Sarkozy et Juppé qui passent à la trappe… et à la primaire du PS, c'est plutôt agréable de voir Valls dégager… même si celui qui le remplace ne suscite pas d'espoir de notre côté". Pour le leader du NPA, "tous ceux qui symbolisent les politiques du passé se sont fait dégager" et c'est, dit-il, "une certaine forme de contestation, surtout du côté du PS ; Hamon et pas Valls, cela symbolise une petite victoire du mouvement social à l'encontre de la loi travail que symbolisait tellement Valls".

Puis il fait ensuite une revue détail de tous les problèmes qu'il estime être ceux de notre société capitaliste actuelle : Les gens qui piochent dans les caisses publiques – "avec Fillon, c'est un scandale de plus, une tricherie de plus, mais tellement importante au niveau de la somme : 1 million d'euros, et au-delà, c'est avec quelle arrogance il trouve que c'est anormal que l'on s'occupe de cette affaire-là" - le niveau des salaires de certains attachés parlementaires – "5.000€ à 6.000€, c'est normal pour Fillon" – la sécurité sociale – "un pas de plus dans la destruction de la sécurité sociale" – l'accumulation de richesses indécentes – "54 milliards d'euros engrangés par les actionnaires des entreprises du CAC.40 ; Six milliards de plus que l'année précédente… c'est à peu près de la moitié du déficit de l'Etat Français"  et les revenus des dirigeants :  "le revenu moyen des dirigeants du SBF 120 c'est 3,5 millions à l'année (NDLR : Selon Marianne, il est de 5 millions en moyenne pour les patrons des entreprises du CAC.40) et le 3 janvier au soir - pas tout à fait : au bout de deux jours et 18 heures - les dirigeants de ces 120 sociétés avaient gagné 30.000€, c'est à dire l'équivalent du salaire moyen des français en un an. Cela montre qu'il y a de la richesse ; Il y a aussi des coûts et ça démontre la capacité de ces gens à détourner l'argent pour le mettre dans leur propre caisse". Mais aussi les fortunes accumulées, qui "augmentent plus vite que le SMIC" – "entre 15 et 35 milliards d'euros pour les grosses fortunes de Liliane Bettencourt, Bernard Arnault et Gérard Mulliez (NDLR : respectivement dirigeants de l'Oréal, LVMH et Auchan)" – les évasions fiscales – "On connait l'optimisation fiscale, ça, on a le droit, y'a des avocats qui s'en occupent, mais après, il y a l'évasion fiscale, souvent organisée par les banques ; Six-cent (600) milliards d'euros d'avoirs français qui sont placés dans les paradis fiscaux, ce qui représente, à peu près, un manque à gagner de 80 milliards d'euros pour l'Etat Français" - la précarité –"et à côté des millions de logements vides" – la justification des politiques plus dures, plus austères – "et à côté une classe sociale qui dirige, qui possède, qui est de plus en plus parasite, qui ne pense qu'à ses comptes privés" – une société plus violente – "plus il y'a d'inégalités sociales, plus il y a de pauvreté d'un côté et de richesses de l'autre, plus on va vers une société qui se dégrade, plus on va vers la violence, quotidienne, l'exploitation et la surexploitation, la mauvaise ambiance au travail, la souffrance au travail, les maladies professionnelles qui explosent" – la violence policière – "qui vise plus spécialement les jeunes et surtout les jeunes d'origine immigrée, et qui relève d'une réflexion systématique ; On n'est pas dans la bavure, le dérapage ; On est dans la volonté d'écraser, d'humilier des gens, de discriminer… dans des quartiers visés plus particulièrement par la crise, avec plus de 50% de taux de chômage" – Emmanuel Macron - "qui s'est préparé à sa pré-campagne en pompant le budget de Bercy avant de démissionner et qui a tendance à confondre l'argent public et ce qu'il a dans son coffre, lequel est assez important puisque Monsieur paye l'ISF… enfin quand il ne triche pas puisque ça fait 2 ans d'affilé qu'il n'a pas payé" – la famille Le Pen et le FN – "alors là, on a droit à un foutage de gueule à 2 niveaux : Le Pen, c'est l'antisystème… qu'ils disent..; mais c'est une candidate, une famille millionnaire, une direction d'un parti politique complètement lié au milieu des affaires, avocats, hommes d'affaires, milieux d'affaires plus ou moins véreux, bourrés d'anciens UMP et RPR qui sont dans des réseaux plus ou moins mafieux ; Ils collectionnent les affaires judiciaires comme n'importe quel autre politicien classique de droite ou même du PS : financement de la  campagne, emplois fictifs au parlement européen, le paradis fiscal du père Le Pen, les histoires dans les communes où passe le FN, le protectionnisme du FN – le travail, d'abord pour les français, le logement d'abord pour les français, la sécu d'abord pour les français – et aucune mesure qui s'en prenne aux plus riches et aux possédants !" - l'homophobie, le nucléaire, l'obsolescence programmée, la loi travail, l'accueil et la solidarité envers les migrants, le populisme de Jean-Luc Mélenchon, la politique de droite menée par le gouvernement de gauche…

Une revue de détail avons-nous dit ! Pendant plus d'une heure, pour aboutir à une conclusion :  "On veut exprimer l'idée toute simple que pour répondre aux reculs sociaux, c'est une question de rapport de force. Comment mettre en place une politique rationnelle, une politique sociale ? Même si c'est du bon sens, ça ne suffit pas ! Même si on sait qu'il y a des solutions techniques, qu'il y des richesses, ça ne suffit pas ! Il faut un rapport de force, une bataille, pour imposer une politique sociale et on sait que de ce point de vue, il va y avoir un problème, car nous, on aspire à un monde plus rationnel et plus juste, mais les capitalistes n'aspirent pas à ce monde ; Ils aspirent à un monde de riches, de dominants… Ils estiment que ce sont eux qui ont la légitimité de diriger ; Ce sont des gens imbus d'eux-mêmes et arrogants".

Le problème, pour le NPA, cela va aussi être d'obtenir les parrainages obligatoires pour figurer dans la campagne. Il en manque encore et avant de passer la parole à la salle, Thierry Pérennes (NPA), l'un des instigateurs de cette rencontre en local, demande aux auditeurs militants, en rentrant dans leurs communes, "d'aller voir le ou la maire pour parrainer Philippe Poutou et le NPA, sur le principe que la démocratie doit s'exprimer ; On ne demande pas aux maires d'être d'accord sur le programme NPA ni de voter NPA, mais simplement nous permettre de nous exprimer".

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