Bégard – Le crédo de la Fondation Bon Sauveur : le bon malade, au bon endroit, au bon moment !

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Date de l'évènement: 
Lundi, 27 Février, 2017

Lundi 27 février (2017), Pascal Conan, le directeur général de la Fondation Bon Sauveur, avait réuni des cadres des hôpitaux de Bégard et de Tréguier pour se pencher sur la problématique de la prise en charge de la personne âgée présentant des troubles psychiques. Cette réflexion est menée suite aux recommandations de l'ARS(1) et elle ...

... s'inscrit dans un contexte départemental où 11,2% de la population a plus de 75 ans et qui a vu, entre 2010 et 2015, un accroissement (+32%) des hospitalisations de personnes appartenant à cette catégorie de population.

"Les nouvelles organisations qui se mettent en place à Bégard, en lien avec l'hôpital de Tréguier, insufflent un nouvel élan, une nouvelle dynamique, pour la prise en charge des personnes âgées" présente le directeur de la Fondation. Pour l'hôpital de Bégard, il cite notamment la mise en place d'une unité qui permet des consultations spécialisées ou la formulation d'avis thérapeutiques en psychogériatrie, sur demande des médecins traitants, gériatres ou coordonnateurs de structures spécialisées, EHPAD(2) ou antennes et centres médico-psychologiques. Cette unité est prise en charge par un psychiatre référent à vocation géronto-psychiatrique.

"On est confronté à la même difficulté, intervient Patrick Rémy, le directeur des centres hospitaliers de Tréguier et Paimpol ; Selon lui, certains patients ne peuvent pas être pris en charge au niveau des EHPAD pour cause de troubles psycho-comportementaux. "Il existe une tranche de population, des patients, des résidents qui finalement n'entrent pas dans les cases, poursuit-il, car ils ne relèvent pas spécifiquement de la psychiatrie, ou du moins de façon temporaire, mais ne trouveront pas leur place en EHPAD, car ils ont des troubles du comportement difficilement compatibles avec la vie en communauté". "D'où l'intérêt de travailler avec la psychiatrie et de renforcer des liens, poursuit-il, car il nous manque des structures, des compétences pour pouvoir prendre en charge correctement ces personnes, afin de trouver les réponses les plus adaptées, qu'elles soient organisationnelles, matérielles ou humaines et ainsi créer une harmonisation des prises en charge qui fasse que ces patients soient mieux pris en charge, là où ils sont et tant qu'à faire, aux bons endroits". "Le bon malade, le bon résident, la bonne personne, au bon endroit, au bon moment" résume Patrick Rémy.

Cette coopération est déjà ancienne. Les deux hôpitaux de Bégard et Tréguier ont des vocations précises : psychiatriques pour le premier,  gériatriques pour le second mais ils ont affaire à des populations qui sont communes : des personnes âgées qui sont dans des situations complexes, avec des pathologies à la fois somatiques et psychiatriques et souvent les réponses existent dans chaque hôpital… mais séparément ! L'objectif poursuivi au niveau du territoire, est donc de rassembler les compétences pour que ces situations complexes aient une réponse.

Pour le Docteur Pierre Le Mauff, gériatre et président de la CME(3) de l'hôpital de Tréguier, "de tels patients sont adressés soit à Bégard, soit à Tréguier et tout le problème est, ensuite, de pouvoir travailler en coopération. Cela existe ; Les médecins se déplacent ; Parfois les patients, mais il est toujours difficile d'avoir au départ la double compétence, la double évaluation, à la fois gériatrique et psychiatrique pour que le patient aille d'emblée au meilleur endroit". Pour lui, il va donc falloir que des compétences gériatriques viennent enrichir l'offre psychiatrique de Bégard, et que l'offre psychiatrique vienne enrichir l'offre gériatrique de Tréguier. Mais pour l'heure, "ce que l'on voudrait, c'est déterminer quels sont les besoins des territoires, interroger nos partenaires, EHPAD, hôpitaux, antennes, etc. pour qu'ils nous disent ce que ces situations complexes, qu'ils ont du mal à maitriser, à évaluer, à orienter correctement, représentent pour eux. C'est avant tout un travail de diagnostic et d'évaluation et ensuite un travail de réflexion… On a parlé d'équipe mobile, de partenariat entre les hôpitaux, de formations sur l'approche de ces patients…" et de ponctuer son propos : "Il faut sortir d'un schéma où c'est « ou l'un, ou l'autre » pour entrer dans un schéma où c'est « et l'un et l'autre » ! A nous de l'organiser au mieux".

Pour le Docteur René Le Guern, psychiatre à l'hôpital du Bon Sauveur, "ce n'est pas seulement et uniquement une question d'établissements ; C'est une question de territoire ; Cela s'inscrit dans un projet territorial de santé et un projet de santé mentale". "La question est l'alternative à l'hospitalisation, poursuit-il ; Ces patients peuvent-ils ensuite retourner dans leur famille ? Dans l'institution où ils étaient ? L'institution est-elle adaptée ? Il faut expliquer aux familles qui sont des aidants importants…".

Le projet d'équipe mobile évoqué supra consisterait à créer une unité territoriale mobile spécialisée en psychiatrie et gériatrie. Elle serait centrée sur l'accompagnement des personnes âgées présentant des troubles psychiques sévères, essentiellement psycho-comportementaux. Cette équipe, à vocation principalement extrahospitalière, interviendrait – seulement sur sollicitation des professionnels de premier recours : médecins traitant, établissements d'accueil et autres dispositifs pour personnes âgées - au domicile des personnes âgées, y compris dans les établissements médico-sociaux – EHPAD, Foyers Logements, Maison de retraite – et elle serait composée uniquement d'infirmiers. Les objectifs de cette unité seraient de mettre en place un outil de repérage et d'accompagnement des situations de crise, de les gérer par anticipation, d'optimiser le parcours de vie et de soins des personnes âgées en évitant les hospitalisations en urgence, de permettre une intervention rapide pour prévenir un épuisement de l'entourage familial et professionnel, d'améliorer les suivis à domicile et de renforcer les liens Ville/Hôpital.

"On dynamise les formes de prise en charge en psychiatrie, conclut Pascal Conan ; Ainsi, si les durées de séjour se raccourcissent car on coopère mieux avec nos voisins, cela nous permet, non pas de travailler moins, mais au contraire de travailler plus en augmentant le nombre de personnes prises en charge. Les durées de séjour plus courtes, cela libère de la place et permet de prendre plus de personnes. C'est à la fois un objectif quantitatif et qualitatif, mais pas un objectif d'économie. L'objectif de cette coopération est d'être plus efficace, plus efficient".

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Notes : (1) ARS : Agence Régionale de Santé – (2) EHPAD : Etablissement Hospitalier pour Personnes Agées Dépendantes – (3) CME : Commission Médicale d'Etablissement

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