GP3A – Conseil d'agglomération – Aménagement – Faut-il rouvrir la bataille du rail ?

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Date de l'évènement: 
Mardi, 30 Mai, 2017

Mardi 30 mai (2017), lors du Conseil d'Agglomération de GP3A(1) présidé par Vincent Le Meaux, après que fut introduit un nouveau Conseiller (NDLR > Article ICI) et qu'on traita les dossiers des Affaires Générales (NDLR > Article ICI), puis ceux se rapportant au Service à la Population (NDLR > Article ICI)  puis au Développement (NDLR > Article ICI), ce...

... fut au tour de Philippe Le Goff de mettre en lumière deux dossiers de la commission Aménagement. Les deux dossiers en question furent le contrat de partenariat Europe-Région-Pays de Guingamp 2018-2020 et celui du PEM(2) Gare de Guingamp.

Près de 4 millions d'euros affectés à des projets de l'Agglomération

Il s'agit ici du contrat de partenariat Europe-Région-Pays, signé le 29 juin 2015 par le Pays de Guingamp et qui prévoyait alors une revoyure en 2017 pour tenir compte du nouveau découpage territorial. Déjà, lors du Conseil Communautaire de l'ex EPCI(3) "Pays de Bégard" du 11 juin 2015, Yvon Le Moigne, le président du Pays, en avait fait une présentation détaillée (NDLR > Conseil Communautaire (partie 2/2) Partenariat Région-Pays de Guingamp 2014-2020).

"Je me fais le rapporteur d'un travail plus vaste réalisé lors de la conférence des maires en mars dernier, expose Philippe Le Goff, le maire de Guingamp, président de la commission Aménagement, et la synthèse des groupes de travail constitués alors se retrouve aujourd'hui devant notre assemblée pour validation". Il rappelle que "l'ensemble des éléments de synthèse qui ont émané de cette réflexion mobilise une enveloppe importante de plus de 5 millions d'euros". En effet, 5.366.366€ sont attribués au Pays de Guingamp, sachant, d'une part, qu'une dotation de 1.741.581€ a été débloquée par anticipation sur 2017 sur la base des projets prioritaires actés en 2014 et que, d'autre part, cette somme est versée au Pays de Guingamp, lequel couvre les territoires de GP3A, Leff Communauté et Ile de Bréhat. "L'architecture du contrat est conservée, poursuit Philippe Le Goff, avec une priorité partagée avec LTC(4) et une évolution, au vu de ce qui vient de se passer sur les trois années précédentes et pour essayer de coller au mieux avec la réalité des demandes et notamment celles des collectivités". Ainsi, cette évolution a conduit à définir deux thématiques majeures - le numérique et l'économie – et à dégager des projets dits « emblématiques et structurants », lesquels feront l'objet d'une négociation avec la Région cet automne et se verront attribués les crédits réservés pris sur l'enveloppe du Pays. GP3A est porteur de quatre de ces projets : la rénovation thermique de la piscine communautaire (495.000€), l'étude de faisabilité d'une zone aquacole (70.000€), la création d'un pôle d'insertion et de services aux associations caritatives (200.000€) et l'aménagement Sud de la gare de Guingamp (3.000.000€). Guingamp Habitat est porteur d'un projet de création de 10 logements d'urgence (451.000€), la commune de Louargat porte pour sa part un projet d'espace de remise en forme intégrant les personnes en situation de handicaps physique et psychique (587.389€) et le Centre Hospitalier de Guingamp porte un projet d'ouverture d'un internat (143.000€). "Les projets « emblématiques et structurants » mobilisent une bonne partie de l'enveloppe négociée, mais il faut que ces projets soient bien finalisés et bien mûrs avec un descriptif précis pour bénéficier des enveloppes financières, précise Anne-Marie Pasquet qui a coordonné trois ateliers sur ce thème ; Il faut par ailleurs, que l'enveloppe soit consommée intégralement par le projet. Dans le cas inverse, le reliquat est perdu. On ne peut pas transférer d'argent d'un projet sur l'autre. C'est frustrant mais c'est comme cela. Enfin, pour ce qui est des projets non qualifiés « emblématiques et structurants » – un bien grand mot – il faut savoir qu'ils peuvent être éligibles et retenus au fil de l'eau par la Région".

Yvon Le Moigne revient sur la liste des projets et met le focus sur le projet porté par le Centre Hospitalier : "Le problème posé par la démographie médicale nous met face à des défis ; Les études faites sur les questionnements vis-à-vis de la médecine prouvent qu'attirer de jeunes médecins dans notre territoire implique, en amont, d'accueillir des internes de telle façon qu'ils prennent la mesure de notre territoire et aient envie ensuite d'y venir s'installer". Toutefois, selon le président du Pays de Guingamp et 11ème vice-président de l'Agglomération, "on comprend très bien que ces jeunes découvrant notre région, ne veuillent pas se trouver isolés dans une de nos communes autour de Guingamp et souhaitent se retrouver ensemble au terme de leur journée de boulot afin d'échanger sur leur travail ou discuter… tout simplement !". Un internat, adossé à l'hôpital, répond à ce besoin exprimé par les jeunes futurs médecins selon l'élu de Squiffiec, c’est-à-dire : "offrir un lieu d'accueil, le plus confortable possible pour que les jeunes futurs médecins, en stage dans la région, puissent se retrouver". "C'est unique en France, souligne-t-il enfin, du moins, pour le moment et nous espérons que ceci permettra à terme, de densifier l'offre médicale sur notre territoire".

Architecture du contrat, projets éligibles et critères de sélection, ventilation de l'enveloppe 2018-2020 et liste des projets emblématiques [vote] recevront l'assentiment unanime des élus.

Aménagement du secteur sud du Pôle d'Echange Multimodal Gare de Guingamp

"La gare LGV de Guingamp est une véritable porte d'entrée pour notre territoire, souligne Philippe Le Goff, le 3ème vice-président ; C'est une aire de transit importante et on note d'ores et déjà que l'ensemble des espaces de stationnement proposés aujourd'hui - avec une particularité remarquable qu'il faut conserver à mon sens : la gratuité du stationnement – ne répond plus à la demande. Au mois de juillet, la LGV va arriver, entrainant une augmentation des voyageurs et une attractivité encore plus importante pour ce secteur gare". Il fait aussi un deuxième constat : "Ce levier d'attractivité pourrait être utilisé sur la dimension du tertiaire" et il note, comme on le voit sur plusieurs gares de l'Ouest et d'ailleurs, la création de bureaux tertiaires près des gares, ce qui mettrait ces éléments tertiaires, dans le cas de Guingamp, à 2h34 de Paris. Il demande donc l'approbation d'un projet visant la création de 123 et 166 places de stationnement sur la propriété Kéravel en sud gare et la programmation d'activités tertiaires en lien avec le développement du pôle gare. Evoquant le projet d'avant – barreau de connexion avec la RN12, construction d'un ouvrage d'art… - Philippe Le Goff concède que ce qui est proposé est moins ambitieux ; "On serait rentré dans une inflation financière importante. L'urgence, est de répondre aux besoins de stationnement et à cette dimension du tertiaire en travaillant sur les réseaux de voirie existants pour permettre de venir abonder cette partie sur gare, avec une passerelle qui passe sous les voies pour rejoindre l'ensemble des quais".

[vote] L'ensemble des élus communautaires s'accordent sur le projet. La consultation de maîtrise d'œuvre portant sur l'aménagement du secteur sud du PEM (parking et locaux tertiaires) va être lancée. "C'est très structurant pour notre territoire" conclut Vincent Le Meaux qui passe la parole à Rémy Guillou qui déclare : "Nous avons une belle gare, il faut s'en féliciter… Il faut qu'elle serve pour les touristes mais qu'elle soit aussi un outil de développement économique et comme nous avons besoin de diversifier notre activité sur la région Guingampaise, il faut proposer d'accueillir de nouvelles entreprises dans ce secteur". "Il faut qu'elle soit une locomotive ! " s'amuse le Président de GP3A qui demande à Rémy Guillou de présenter deux motions, "un peu plus soucieuses".

La première vise la SNCF… Le seconde aussi ! "Ceux qui prennent le train ont pu, comme moi, se rendre compte que depuis quelques mois les guichets sont beaucoup moins à disposition des gens ce qui n’est pas sans poser de nombreuses difficultés, notamment pour les personnes âgées mais aussi lorsque les distributeurs automatiques de billets tombent en panne" expose le rapporteur de ces motions qui poursuit : "Cela a par ailleurs amené à un certain nombre de suppressions d'emplois… aussi est-il regrettable, qu'au moment où la collectivité, mais aussi l'Etat et la Région, investissent des sommes considérables pour avoir une gare digne de ce nom et être prête à accueillir la LGV, que la SNCF en profite pour réduire les heures d'ouverture, que ce soit pour la vente des billets ou l'information donnée aux voyageurs"

Il demande instamment à la SNCF, par voie de motion, de revoir cette décision et "de respecter les engagements pris en faveur d'une amélioration des services rendus en gare à la signature du contrat de partenariat en 2009 et de repenser ses horaires dans le sens demandé par ses usagers". Rémy Guillou rappelle qu'alors, il était prévu que la SNCF améliore ses services… "et c'est inOui (NDLR > En référence au nom donné à ses TGV par la SNCF) de voir qu'aujourd'hui la SNCF réduit son personnel".

Ça, c'était pour la première motion ! La seconde, un peu plus technique se rapporte aux modifications d'horaires induites par l'arrivée du train à grande vitesse et au fait qu'il y a un TGV qui quitte Brest, tôt le matin, sans s'arrêter en gare de Guingamp. "Cela a des conséquences sur les TER, explique Rémy Guillou : Ainsi, jusqu'à présent un TER quittait la gare de Guingamp à 7h31 pour arriver à Saint-Brieuc à 7h51. Ce TER est très utilisé par les gens qui vont au travail et commencent à 8h-8h15 à Saint-Brieuc, mais aussi les élèves qui se rendent dans les centres de formation". Ce TER, du fait du passage du TGV bolide est simplement retardé ! Il était prévu de le faire partir à 8h10… "et pour commencer les cours à 8h05… c'est un peu tard…". Cette modification des horaires impose de prendre le TER de 7h03 pour arriver à 7h27 à Saint-Brieuc… soit une demi-heure d'attente pour ceux qui embauchent à 8h ou pour les élèves. Il y a par ailleurs, un deuxième cas important : le TGV qui partait de Guingamp à 7h51 pour 8h06 à Saint-Brieuc et qui arrivait à 8h55 à Rennes, est reporté à 8h22 et arrive à 8h37 à Saint-Brieuc et 9h25 à Rennes… Pour Rémy Guillou, "c'est une détérioration du service public alors que le Conseil Régional a fait d'énormes efforts pour améliorer la situation" et de conclure : "Nous demandons à la SNCF de respecter ses engagement dans le sens demandé par les usagers" même s'il pense que rien ne bougera en 2017.

Pour Didier Robert qui se dit "très sensible à cette motion" et qui rappelle que la LGV, lorsqu'elle a été présentée, "était une formidable opportunité pour notre territoire, et  avec toutes les améliorations promises,  le territoire s'est mobilisé pour réussir le PEM. Si nous pouvons entendre que l'organisation horaire vise à permettre aux voyageurs de bénéficier de correspondances confortables avec le TGV, à aucun moment nous avions imaginé un recul du service proposé aux usagers quotidiens (TER). Pour beaucoup, c'est simple : le train ne sera plus la solution de mobilité pour aller au travail ; La solution du rail n'est donc pas durable !".

Jacques Mangold le suit : "Quand on voit que les gares ont été cofinancées par les collectivités territoriales, qu'il y a eu des aménagements majeurs - la SNCF vendait même son foncier pour que nous l'aménagions - et que l'on voit que les guichets ne sont pas ouverts, à l'inverse des gares régionales qui ont une amplitude d'ouverture bien supérieure, je trouve cela proprement scandaleux ! Il ne faudrait pas que la LGV soit une augmentation tarifaire pour les usagers, une baisse des ouvertures de guichets et que, in fine, les collectivités qui ont joué le jeu soient les perdantes".

Pour Emmanuel Lutton, "ce sont les centres urbains qui définissent avec la SNCF, les transports de demain" et pour Aimé Dagorn, "le numérique ne doit pas tuer la présence humaine ; Il y a là, quelque chose qui ne roule pas rond sur le rail".

Pour clore le débat, Vincent Le Meaux déclare : "Si nous ne menons pas ce combat de façon ferme avec la SNCF, nous ne le gagnerons pas. La détermination politique d'un territoire doit s'affirmer au travers des motions, même à l'encontre d'une grande administration publique reconvertie en SA et qui aujourd'hui oublie bien souvent qu'elle a une vocation d'aménagement du territoire avant d'être sur les marchés européens et internationaux. Nous ne sommes pas la troisième classe des transports de la France et les premières classes ne peuvent pas être réservées qu'à celles et ceux – et ils sont nombreux - qui payent cher leurs billets. S'ils veulent qu'on rouvre la bataille du rail, on peut la rouvrir, comme nous l'avons fait dans les années 80 sur Pontrieux et Plouëc-du-Trieux pour le maintien des lignes".

[vote] Les deux motions sont adoptées à l'unanimité et pour clore ce dossier, Vincent Le Meaux confie : "Ces deux motions peuvent en cacher une troisième : le maintien des dessertes sur la ligne Paimpol-Guingamp-Carhaix. On attend des précisions…". [vote] Les autres dossiers se rapportant à l'aménagement (Cf. Additifs R22, R24 et R25) seront eux aussi adoptés à l'unanimité.

 

>>> Additifs

R22 – Contrat de ruralité – Au titre du contrat de ruralité, lequel accompagne la mise en œuvre de projets de territoire sous réserve de conditions d'éligibilité, deux projets sont proposés : la valorisation paysagère du site de la Maison de l'Estuaire (32.500€ financés par le Conservatoire du Littoral (15.00€), le Contrat de ruralité (9.750€) et un autofinancement public de 7.750€) et le projet de réseau de salles de visio-conférences visant à équiper chaque pôle de proximité et le siège de GP3A d'une solution de visio-conférence afin de limiter les déplacements. Le coût évalué de ce dernier projet est de 62.223.21€ pour lequel une contribution de 43.556,25€ va être sollicitée au titre du contrat de ruralité.

R24 – Institution et délégation du droit de Préemption Urbain renforcé sur Guingamp – Toujours en lien avec l'aménagement du secteur gare, lequel implique un remodelage du tissu urbain existant, le renforcement du droit de Préemption permet à la collectivité une plus grande maitrise foncière facilitant la réalisation d'opérations structurantes. Pour le centre-ville, le renforcement du droit de préemption facilite la conduite de la politique volontariste concernant la sauvegarde et la mise en valeur d'un bâti à forte valeur patrimoniale, le confortement des fonctions de centralité, la dynamisation du commerce, la lutte contre l'habitat indigne, la requalification du bâti obsolète et la réponse à des enjeux de restructuration urbaine.

R25 – Modification du PLU de la commune de Ploubazlanec

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Notes (1) GP3A : Guingamp Paimpol Armor Argoat Agglomération – (2) PEM : Pôle d'Echange Multimodal – (3) EPCI : Etablissement Public de Coopération Intercommunale – (4) LTC : Lannion Trégor Communauté

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