Bégard – De l'importance d'entretenir la mémoire, pas la revanche

Dimanche 6 août (2017), sur l'esplanade aménagée en souvenir de Louis Stéphan, nombre d'élus, de riverains, de porte-drapeaux, de représentants des corps constitués – gendarmes et pompiers – et de quelques jeunes, ont assisté à la commémoration en souvenir de P'tit Louis. "Il y a 73 ans, un colonel allemand de l'armée ...

... nazie accomplissait le geste criminel qui aujourd'hui voit notre présence en ce lieu, déclare Pierre Martin, le président du Comité local de l'ANACR(1). Nous sommes ici pour perpétuer le devoir de mémoire ô combien nécessaire par les temps qui courent. Nous sommes tous sensibles aux évènements atroces qui se sont passés à cette époque et chacun d'entre nous espère que cela ne se reproduira plus. Mais qu'en sera-t-il demain ? Aujourd'hui, les têtes blanches et grises sont plus nombreuses que les têtes blondes ; C'est un constat général pour toutes les cérémonies, aussi, nous avons encore un rôle important à jouer auprès de la jeunesse et en premier lieu dans nos familles. Il faut expliquer à nos enfants, petits-enfants, ce que sont les conflits armés, la seconde guerre mondiale et ses cinquante millions de morts, les camps, les massacres raciaux, dus à la folie d'un homme et d'un peuple". Le devoir de mémoire ! Il remercie les municipalités qui participent activement aux activités de cette mémoire, "et aujourd'hui, en particulier, à celles de Bégard et de Saint-Laurent (NDLR > Voir Commémoration de Kergoula - Quand les morts instruisent les vivants). Il remercie les élus de Landébaëron, Kermoroc'h, Pédernec, Trégonneau, Pluzunet, Squiffiec… "qui entretiennent des lieux de mémoire et mettent sur pied des cérémonies telles que celle-ci. Merci à Gérard Le Caër et au Conseil Municipal de nous soutenir et de nous aider dans toutes nos activités. L'esplanade où nous nous trouvons maintenant est une preuve de l'investissement communal à nos côtés".  Pour lui, la rue Louis Stéphan, la rue Jean Le Porchou, la rue de la Résistance, la place du 8 mai avec sa stèle, la place du Général de Gaulle sont des marques tangibles de l'esprit qui anime les élus Bégarrois, "et au nom de tous les résistants, de tous ceux qui sont morts pour notre liberté, nous les remercions" et d'ajouter : "Cela ne se passe pas comme cela dans toutes les communes ; Il y en a même qui débaptisent les rues Jean Moulin et autres…".

Jean-Yves Jaguin, l'adjoint à la Citoyenneté, rappelle le contexte de ce tragique évènement : "[…] assassiné par les allemands le 5 août 1944. Il avait 15 ans. Un meurtre perpétré de sang- froid ; Un crime, pas un acte de guerre" puis lance un appel à la tolérance, au droit à la différence, au respect de l'être humain, à sa dignité, à l'attention plus particulière des jeunes générations.

En conclusion, Pierre Martin, pour soutenir l'esprit général qui a animé cette commémoration : la sensibilisation des jeunes aux évènements tragiques du passé et potentiellement récurrents, dit avoir été confronté à une jeune fille de 10 ans, lors d'une exposition qu'il avait organisée. En montrant une photo, celle-ci désigne une dame et demande qui elle est : "Elle est en photo sur la commode de ma grand-mère à Plouguiel" dit la jeune fille ; Après s'être enquis du nom de la jeune fille, Pierre Martin lui répond : "C'est ton arrière-grand-mère". En fait, explique alors Pierre Martin, cette dame était morte en déportation avec Mme Tilly de Bégard et Mme Cozannet de Langoat. "Toutes les deux faisaient partie d'un réseau qui avait pour but d'aider les soldats en fuite, échappés de Dunkerque, et les aviateurs qui avaient « atterri » sur notre sol… Ni sa grand-mère, ni ses parents ne lui avait parlé de cette pauvre dame" et de conclure : "Il faut informer les jeunes… Pas dans un esprit de revanche… Dans un esprit de mémoire".

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Notes : (1) ANACR – Association Nationale des Anciens Combattants et Amis de la Résistance