Bégard – La guerre 14-18 expliquée aux jeunes Bégarrois (Vidéo)

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Date de l'évènement: 
Vendredi, 9 Novembre, 2018

Vendredi 9 novembre (2018), dans la salle des mariages de la mairie, Pascal Lamotte et André Simon, de l'association « Trégor 14-18 », tous deux de Pluzunet et tous deux historiens amateurs, concernés par les évènements qu'ils relatent, et Serge Falézan, le président de l'association "C'hoarioù Treger" ont reçu les enfants du primaire privé et public pour...

...  expliquer ce que fut la guerre 14-18 et la vie locale et rurale durant ce conflit. Successivement, accompagnés de leurs enseignants, les jeunes CM1 et CM2 d'Anne Leroy et de Baloré ont écouté les récits avant de répondre à un quizz préparé par leurs instituteurs.

Ainsi Pascal Lamotte a-t-il parcouru en quelques panneaux et objets, les quatre années de guerre allant de l'ordre de mobilisation du 2 août 1914 à la signature de l'armistice du 11 novembre 1918, en passant par la bataille de la Marne, la formation du front – "ce front, qui va des Vosges jusqu'à la Belgique, restera pendant quatre ans sans bouger. Ils vont avancer de 100 mètres, reculer de 100 mètres, il y aura des millions de morts mais le front restera stable pendant quatre ans. Il faudra attendre 1918 pour que le front change" - la course à la mer – "pour que les Allemands ne disposent pas de ports" - les premiers gaz qu'utilisèrent les Allemands malgré les accords passés, Verdun en 1916 – "315.000 morts français et 282.000 morts allemands sur six mois... 100.000 morts par mois... On ne regardait pas à la dépense des hommes" – la bataille de la Somme en juillet de la même année, avec les anglais cette fois – "et là, les chiffres sont encore pires que pour Verdun : les anglais vont perdre 419.000 soldats, les français 204.000 et les allemands 500.000" – l'offensive du Chemin des Dames en 1917 – "le Chemin des Dames, c'est une crête de 50 kilomètres, avec un talus 100 mètres plus bas ; Les allemands sont en haut avec canons et mitrailleuses, les français en bas, et l'ordre d'attaquer est donné ; Il neige... Ce sera un massacre..." – la mutinerie de 1917, la bataille de l'Empereur en 1918, puis l'armistice. Il évoquera aussi le rôle important que prirent les animaux, les chiens pour transporter les médicaments entre tranchées, les chiens ratiers dressés à tuer les rats qui pullulaient, les chevaux réquisitionnés dans les fermes pour transporter le matériel, tirer les canons, et les pigeons pour acheminer les messages.

André Simon, neveu d'un disparu de la guerre 14-18, après avoir rappelé qu'en avril 1915, Pierre Péron, le maire de Bégard, avait inauguré le monument aux morts en commençant par lire les 243 noms inscrits – "175 transcriptions ont été réunies dans cette salle", précise André Simon - a conté ce que fut la vie rurale durant le conflit en prenant pour exemple la famille Le Roux de Pluzunet, dont il est un parent.  "Quand la guerre a été déclarée, les moissons n'étaient pas faites [NDLR : Voir Le tocsin pour se souvenir d'un sinistre jour… il y a 100 ans]. Tous les jeunes gens, de 20 à 48 ans étaient mobilisés pour aller à la guerre. Dans les fermes, il ne restait que les femmes et les enfants pour assurer les moissons, et très vite, les chevaux ont aussi été réquisitionnés. Pour faire les travaux des champs, sans les hommes et sans les chevaux, c'était très difficile". Il parle de cette famille où il y a eu jusqu'à 14 enfants - "mais cinq sont morts en bas-âge... la vie était très dure à cette époque" - composée de cinq hommes et de quatre femmes. Dans la salle d'exposition, les quatre femmes sont en photos, vêtues de noir ; "A l'époque, il fallait respecter le deuil pendant une année" dit l'historien qui poursuit : "Parmi les cinq hommes qui restaient, quatre sont partis à la guerre, entre le 2 août et le 15 août. Ils allaient à la gare de Belle-Isle-Bégard ou de Guingamp, pour partir en direction du front. Celui qui restait avait déjà été ajourné en 1900. Il était très petit et il était malheureusement handicapé – il avait une jambe déformée - et il est resté à la maison pour aider aux travaux des champs ; Mais on verra tout à l'heure qu'il n'est pas resté longtemps". Des quatre fils partis à la guerre, "Auguste-Marie et François-Marie sont revenus ; Le premier blessé par éclat d'obus et le second pratiquement indemne, même si d'une guerre, on ne revient pas indemne".  Le troisième, Yves-Marie Le Roux, a été blessé dans la nuit du 7 au 8 septembre lors de la bataille de la Marne ; "Il est décédé à l'hôpital de Tours où il avait été transporté". Le quatrième, Adrien Le Roux, qui a fait la bataille de la Marne, a participé à la course à la mer qui visait à empêcher les allemands de prendre les ports ; "Il a participé à des batailles dans la Somme, pas loin d'Amiens, et il a disparu, le 9 octobre. Fort heureusement, un curé a trouvé son corps deux jours après, l'a enterré et l'a mentionné". Quant au dernier des cinq frères, celui qui n'était pas parti, René-Emile-Marie, il a été appelé le 20 novembre 1918 ; "Il a été appelé, alors que deux de ses frères étaient déjà morts. Il a participé à la bataille de Verdun. Il a été blessé et asphyxié par les gaz. Il est mort dans un hôpital, proche de Verdun, des suites de ses blessures".

"Cinq sont partis à la guerre, trois sont morts, un a été blessé, conclut André Simon ; C'est dire combien, sans les hommes, le rôle des femmes était important.  Elles ont pris la gestion des champs, de la ferme, elles se sont occupé des enfants ; Les personnes âgées venaient aider car il faillait de la main d'œuvre et comme il n'y avait pas beaucoup d'argent, certaines, après la guerre durent partir à Paris pour faire des ménages".

Serge Falézan qui intervient en fin de visite, évoque ce qu'étaient les loisirs à l'époque et notamment la pratique de la lutte bretonne. Il annonce la création d'une plaque commémorative qui sera fixée près de la salle de combat d'Adrien Hamon et sur laquelle figure 23 noms de lutteurs des Côtes du Nord (à l'époque) ainsi que 12 autres noms de lutteurs du Finistère et du Morbihan, tous morts pour la France, dans ce conflit qui fit au total 1.357.800 victimes, soit plus de 17% des mobilisés, dont 252.900 disparus et 18.222 morts en captivité. Trois millions et cinq cent quatre-vingt-quinze milles (3.595.000) furent blessés et parmi eux, 56.000 furent amputés, 65.000 mutilés et 15.000 défigurés. Ce conflit aura fait 600.000 veuves et 760.000 orphelins...

... et le couvert fut remis 21 ans plus tard !

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