Samedi 22 décembre (2018) – Après avoir été officiellement dévoilée lors de la commémoration du centenaire de l'armistice de la guerre 14-18 [NDLR : Voir Commémoration du 11 novembre – Quand les enfants éclairent la tristesse du souvenir], la plaque en souvenir des jeunes lutteurs et pratiquants de jeux de force morts pour la France lors de ce conflit, réalisée par ...
... le comité départemental de jeux de force bretons, à l'initiative de Serge Falézan, le président de l'association C'hoariou bro Dreger, a trouvé sa place définitive et logique : l'entrée de la salle de combat du stade Adrien Hamon. C'est en présence de la conseillère régionale Mona Braz, de la conseillère départementale Cinderella Bernard, d'élus et de pratiquants du gouren, que le maire Vincent Clec'h a inauguré cette installation. Serge Falézan, qui remercie la mairie d'avoir soutenu le projet, s'est dit honoré "d'inaugurer cette plaque en l'honneur de ceux qui ont pratiqué la lutte et les jeux traditionnels dans notre région". Pour lui, cet endroit fréquenté par de nombreux jeunes, est parfaitement adapté "pour leur donner envie d'approfondir la connaissance" de cette sombre époque d'une part et de la tradition d'autre part.
"« Krogit » ! C'est par ce mot que commencent les combats entre lutteurs. Le lutteur « croche » et ne lâche pas. Dans les fêtes et les villages, le lutteur était le champion de ce caractère breton, brave et dur au mal, réputé au-delà de notre région" déclare Cinderella Bernard en lisant la préface qu'elle a rédigée pour le fascicule rédigé par Serge Falézan et intitulé : « Lutteurs et tireurs de jeux de force bretons tombés au front » [NDLR : Disponible gratuitement en mairie]. Elle loue le travail réalisé par l'auteur et espère qu'un jour, on pourra dire d'une guerre, que c'était la « der des der ». Hélas, si ce qui est du passé est appréhendé car constatable, ce qui est de l'avenir est imprévisible et il ne sera, de fait, jamais possible de dire d'un conflit que c'était le dernier ; Seul le devoir de mémoire permet d'alimenter la réflexion et la construction de solutions pouvant empêcher cela. D'ailleurs,"le climat social dans lequel nous sommes fait que l'on a de quoi s'inquiéter pour l'avenir, que ce soit au niveau mondial ou national" déclare la Conseillère Départementale qui remercie pour cette démarche "qui établit un lien entre l'histoire et la culture bretonne".
Pour Mona Braz, la Conseillère Départementale, "c'est plus qu'une petite plaque... C'est une véritable stèle qui montre l'importance de l'hommage que la municipalité de Bégard tenait à rendre à ces valeureux soldats et valeureux lutteurs. J'espère que derrière cela, non seulement la transmission des gestes de la lutte mais aussi de l'histoire des lutteurs va trouver un nouveau chemin". En qualité de représentante officielle du Président de Région, Loïc Chesnais Girard, elle déclare qu'il était important que la Région soit présente pour cette commémoration et ceci à plusieurs titres : "D'abord parce que nous soutenons la fédération bretonne du gouren en tant que fédération et en qualité de porteuse d'un patrimoine culturel immatériel" - elle rappelle que la lutte bretonne fait partie des cinq luttes traditionnelles européennes encore vivantes – "ensuite, pour le devoir de mémoire : ce sont des lutteurs qui ont aussi combattu pour défendre la Patrie contre les ennemis et ce sont des lutteurs qui ont transmis une tradition millénaire" et enfin pour un devoir de reconnaissance : "A côté du devoir de mémoire, il y a le devoir de reconnaissance et on voit bien qu'aujourd'hui, un français sur dix n'a jamais entendu parler de la Shoah et ce pourcentage est encore plus important chez les jeunes générations" [NDLR : 19% chez les 18 à 34 ans selon un récent sondage Ifop], puis de conclure : "Quand la conscience de la dangerosité des conflits et des drames qu'ils provoquent, tant au niveau des nations que des personnes, n'est plus là, la porte est grande ouverte pour aller vers de nouvelles dérives".
C'est à Vincent Clec'h que revient le soin de conclure cette cérémonie. Lui aussi a rédigé une préface dans le fascicule évoqué supra. Dans cette préface, il est question du devoir de mémoire et de ses buts et "du travail de recherches historiques faites par Serge Falézan pour recenser les lutteurs tombés pour la France tout en replaçant ces traditions bretonnes dans leur époque". La plaque commémorative porte 35 noms. Enfin, sans citer la famille – "je n'ai demandé leur autorisation" – il clôt son intervention par la lecture d'un message qu'il a reçu tout récemment de descendants d'un de ces lutteurs anciens combattant : "Merci pour cette belle initiative d'avoir rappelé et mis en lumière lors des cérémonies du centenaire de 14-18, le parcours sportif de nos grands-parents, brutalement interrompu par la guerre, entrainant à la suite, pour de nombreuses familles, son lot de drames et de difficultés, comme l'ont connu notre grand-père, notre grand-mère et leurs enfants, dont notre père. Félicitations pour l'investissement de votre municipalité et de Serge Falézan et de son équipe pour la promotion de la lutte bretonne qui fait partie de notre patrimoine sportif [...] Il n'y a pas de meilleur endroit que celui que vous avez retenu pour apposer la plaque commémorative. Les jeunes lutteurs tireront sûrement une fierté de se retrouver à pratiquer ce sport depuis si longtemps connu en Bretagne et qui fut longtemps une institution dans nos fêtes de village".