Bégard – AG de l'ANACR : forum d'expression d'inquiétudes pour l'avenir

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Date de l'évènement: 
Samedi, 9 Mars, 2019

Samedi 9 mars (2019), le comité local de l'ANACR(1), présidé par Pierre Martin, a tenu son Assemblée Générale. En sus des rapports de l'année passée habituellement transmis en cette circonstance - activités et financier - cette réunion, qui a réuni plus de 40 personnes, a aussi été un forum d'expression d'inquiétudes pour l'avenir au regard ...

... de se qui passe actuellement, comparé à ce qui s'était passé à l'aube de la seconde guerre mondiale. "Le 30 janvier 1933, Hitler est nommé Chancelier du Reich, introduit Pierre Martin ; Dès mars est ouvert Dachau, le premier camp de concentration - de sinistre mémoire - et le 26 avril est fondée la Gestapo. Puis viendra l'interdiction de tous les autres partis autres que le parti nazi, celle des syndicats, de la presse libre. Partout, comme actuellement la Pologne, la Hongrie, la Roumanie, et bien sur l'Italie, mais aussi le Portugal, l'Espagne, vont être soumis au régime fasciste et à son désir d'expansionnisme". C'est après l'invasion allemande "et son lot de massacres et la domination du Reich et de l'Italie", que certains français, hommes et femmes, vont reprendre le combat en 1940, timidement tout d'abord par manque de moyens puis en se renforçant ensuite, explique-t-il , "porteurs de valeurs patriotiques, humaines, démocratiques, ceux qui croyaient au ciel, ceux qui n'y croyaient pas, ouvriers, paysans, intellectuels, bourgeois de gauche, de droite, du centre, se rassemblent pour entrer en lutte". Le 27 mai 1943, Jean Moulin rassemble les différents mouvements – les partis et les syndicats, tous clandestins - pour créer le Conseil National de la Résistance (alias le CNR) qui se place sous l'autorité du Général De Gaulle. "Ces résistants allaient payer leur engagement. Ils seront pourchassés, arrêtes, torturés, fusillés, déportés. Ils étaient portés par une aspiration à un monde meilleur, à une société plus juste et solidaire, ce qui va se concrétiser par le programme du CNR, mis en œuvre à la libération et encore conforme aujourd'hui, malgré le sabotage systématique du socle de notre protection sociale par une certaine classe de la société". Il rappelle qu'à ce programme du CNR, on doit la sécurité sociale, les allocations familiales, les congés payés, la diminution des temps de travail, les bourses d'études, une retraite décente, le statut des ouvriers agricoles... "Beaucoup de ces mesures prises à l'époque qui ont été gommées par ces messieurs du Medef(2)..." souligne Pierre Martin.

Avec cette passerelle vers les temps présents, il indique que le contexte social et économique actuel - "source de profits pour certains" – fait réapparaitre le populisme. "Comme en Allemagne en 1933 ! Les mensonges, les promesses démagogiques, les obstacles mis contre les immigrés - boucs émissaires - la chasse aux sorcières – juifs, arabes – tout cela contribue à mobiliser ceux qui ont oublié le passé, qui ne le connaissent pas, qui en veulent à la République, ceux pour qui les 10 millions de morts dans les camps de concentration ne sont qu'un détail de l'histoire, ceux qui osent affirmer que les résistants ont tué plus de français que les nazis, qui salissent sans vergogne ceux qui ont eu le courage de se battre pour notre liberté, qui considèrent que les soldats allemands ont fait du bon travail et qu'ils étaient très gentils" et de rappeler l'adage du "sinistre" Goebbels, ministre de l'information et de la propagande d'Hitler : « Mentez, mentez, mentez, encore et toujours, il en restera bien quelque chose ! »

Selon son président local et national, au sein de l'ANACR, les Amis de la Résistance ne peuvent que s'élever violemment contre ces personnages, "ne serait-ce que pour la mémoire de nos pères, grands-pères ou parents qui ont combattu et souvent payé de leur vie, leur engagement pour leur pays. Combattre ces falsificateurs de l'histoire, ces négationnistes tel que Robert Faurisson, ce prof de Lyon [NDLR : Décédé en octobre 2018]. C'est notre rôle afin de ne plus revoir ces horreurs perpétrées il y a quelques décennies. Il faut faire barrage à tous ces idéaux qui nous ramèneraient à la période la plus noire de notre histoire et combattre les calomnies et les idées xénophobes et racistes".

Bilan Financier : déficitaire

Puis est venu le temps de la minute de silence en hommage aux disparus, dont Gérard Le Caër, adhérent en qualité d'Amis de la Résistance. Puis est venu le temps de l'indignation contre les dégradations de l'Arc de Triomphe en décembre dernier ; Puis est venu le temps de la retranscription des informations et des évènements qui ont animé l'année passée, telle que cette exposition de Pluzunet sur la deuxième guerre mondiale qui a attiré plus de 1.000 visiteurs, ou encore celle sur la guerre 14-18 que la mairie a accueillie en novembre dernier [NDLR : Voir La guerre 14-18 expliquée aux jeunes Bégarrois (Vidéo)].

Puis est venu le temps du bilan financier rapporté par la trésorière Danielle Colet : "Un bilan financier qui est, pour la deuxième année consécutive, largement déficitaire". La principale source de revenus de l'association – sa matinée dansante du début septembre – n'a fait que 230 entrées payantes et n'a procuré qu'un bénéfice net de 30,60€. Avec les autres recettes – cotisations pour 1.170€ et subvention de la Mairie – le total des recettes s'élève à 1.413,60€ pour des dépenses de 2.225,81€. Le déficit de l'exercice est donc de -812,21€. Il est couvert par les réserves bancaires.

Du côté des effectifs, le comité local comptabilise 2 résistantes et 39 Amis, soit 41 adhérents. "C'est quatre de moins qu'en 2017" souligne Danielle Colet.

Cinderella Bernard : En campagne...

En plus d'Yvan Boudon, l'adjoint aux associations et d'Arlette Offret parmi les amis, Cinderella Bernard représentait le maire excusé. En clôture de cette réunion, elle est intervenue en soulignant son adhésion totale au discours du Président Martin : "Ton discours retraduit la vérité dans laquelle nous sommes et c'est bien de le dire ; C'est comme cela qu'on éveille les consciences et chacun a sa liberté d'opinion ensuite". Au lendemain de la Journée internationale des droits de la femme, elle salue les femmes résistantes et considère que l'on ne met pas assez en valeur leurs actions. Elle évoque ensuite la "Presse libre" : "Vous savez qu'il y a 2 presses libres en France « L'Humanité » et « La Croix » et aujourd'hui, le journal « L'Humanité » risque d'être racheté par des capitaux financiers et perdre ainsi sa liberté d'expression alors que c'est important pour le débat que ces journaux existent". Elle signale par ailleurs que le Président du Département - Alain Cadec – "dont vous connaissez la sensibilité politique" [NDLR : Il est membre du Parti Républicain], avait apporté son soutien au journal « L'Humanité », "pour le débat des idées, pour les expressions libres qu'il juge essentielles".

Quant aux constructions du CNR, pour la première adjointe au maire, Conseillère Départementale, "les valeurs se sont dégradées et gravement remises en question... La protection sociale qui est le système des solidarités, remarquable en France, est remise complètement en question du fait que l'on doit réduire les dépenses publiques et que l'on aggrave les inégalités. L'actualité, les gilets jaunes, les blouses blanches... c'est beaucoup de personnes qui ont des revendications car elles ne se retrouvent pas dans la protection que peut leur apporter l'Etat et cela se traduit par des populismes grandissants, des actes graves tels que les croix gammées retrouvées sur un mur dans la ville d'Erquy, ou encore les insultes proférées à l'encontre du maire de Calanhel, ou les menaces formulées à l'encontre d'un conseiller municipal de Callac qui avait défendu l'idée d'accueillir des réfugiés sur sa commune, menacé chez lui, à son domicile, et dénoncé sur les réseaux sociaux par un site ultranationaliste".

Puis de poursuivre en revêtant la casquette de Candidate aux prochaines Européennes : "D'une façon plus électoraliste, le Président Macron voudrait nous faire croire que les prochaines échéances vont se jouer entre son pouvoir et le Rassemblement National et c'est quelque chose que l'on ne peut pas imaginer". Elle refuse de retrouver à nouveau un duo au prochaines échéances électorales...  "Il faut empêcher cela et c'est pour cela que le débat est important... Vous savez où je me situe mais il y a bien d'autres partis pour empêcher ce duel aux prochaines élections qui auront une tournure très importante" et cette importante tournure est liée au contexte de la montée de l'extrême droite en Hongrie, en Pologne, en Italie, en Bulgarie... "Il ne faut pas que cela arrive chez nous... même si les votes d'extrême droite sont, à chaque élection, en hausse sur le territoire". "Quand je suis arrivé à Pluzunet, il y avait 3% de ces votes, appuie Jean-Claude Jégou, le maire de Pluzunet ; Actuellement on est entre 18 et 20%".

"Et pourtant elle ne va pas régler le problème ! poursuit Cinderella Bernard en évoquant Marine Le Pen ; Elle le dit clairement ! Elle est contre la réévaluation à la hausse du SMIC, elle ne veut pas partager les richesses, ce n'est pas elle qui va répondre aux besoins des personnes les plus fragilisées...", et d'insister sur l'importance de toutes ces échéances électorales et la nécessaire réduction du taux des abstentions. "On doit pouvoir exercer démocratiquement et porter ses idées, ses opinions, sans être menacé chez soi ou dans la mairie !", puis de conclure : "Les gens ne se retrouvent plus et ces inégalités font le jeu des extrêmes... J'ai de fortes inquiétudes pour l'avenir".

Il faut convenir que ce fut une Assemblée Générale particulière ! A la fois assemblée générale, forum d'expression et meeting politique.

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Notes : (1) ANACR : Association Nationale des Anciens Combattants et Amis de la Résistance – (2) MEDEF : Mouvement des Entreprises De France

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