Bégard – Les vacances du coeur de la famille Panato

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Date de l'évènement: 
Mercredi, 16 Octobre, 2019

Mercredi 16 octobre (2019), devant une trentaine de personnes réunies dans la salle paroissiale, la famille Panato – Elisabeth et Fabrice et leurs enfants Zacharie (9ans), Pacôme (12 ans) et Théophile (14ans) – sont venus raconter leurs trois semaines de vacances en juillet dernier. Jusque-là, rien de bien remarquable... sauf que ...

... leurs vacances ont consisté à se mettre au service de jeunes adultes handicapés accueillis dans un centre à Ballouneh, à côte de Beyrouth, au Liban donc.

Le centre nommé Anta Akhi (Toi, mon frère) a été fondé en 1992 par Yvonne Chami, infirmière, sage-femme, assistante sociale de nationalité Libanaise. "Anta Akhi prend en charge des adultes atteints de handicap physique, mental et de polyhandicap, très dépendants dans leur autonomie de vie, et dont les parents, avancés en âge ou décédés ne peuvent plus répondre aux exigences de leur quotidien" explique Elisabeth Panato. Anta Akhi devient alors leur famille.

Ce qui a conduit les Panato au Liban, auprès de ces jeunes adultes dépendants, c'est une rencontre : "En 2001, j'ai rencontré la fondatrice, Yvonne Chami, raconte Elisabeth Panato ; Elle m'avait touchée car elle a un charisme énorme et à l'issue de cette rencontre, j'ai décidé de parrainer un garçon du centre". Cela fait 18 ans maintenant et ce garçon, c'est Ghassan ; Il a eu 33 ans en juillet ; Il parle français ; Il est atteint d'une myopathie de Duchesne. "Nous ne l'avions jamais rencontré, poursuit la marraine ; Nous n'étions jamais allés au Liban et Zacharie et Pacôme n'avaient jamais pris l'avion".

Ils débarquent donc à Ballouneh. "On a été accueilli en famille dans le centre. C'était en période de vacances scolaires et comme les personnes qui y travaillent peuvent venir avec leurs enfants, les nôtres étaient avec d'autres enfants" raconte Elisabeth Panato qui précise que le centre accueille aussi bien les professionnels de l'accompagnement du handicap que les autres plus néophytes en la matière. "Ils ne font pas de différence entre les volontaires présents depuis un an et ceux, qui comme nous, venions d'arriver" confirme le papa. Et néophytes en matière d'accompagnement de personnes handicapées, ils étaient, puisque la maman s'oriente vers la médiation animale et le papa est technicien chez Nokia.

"Au bout de trois jours à Ballouneh, on a eu la surprise de découvrir qu'ils partaient tous en colonie dans un ancien monastère à la montagne" poursuit Elisabeth Panato ; Sans soutien des instances Libanaises – le centre ne perçoit que 1% de ses frais de fonctionnement de la part de l'Etat Libanais et les parents ne sont apporteurs qu'à hauteur de 2% - "cela faisait deux ans qu'ils n'étaient pas partis en colonie faute d'argent".

Dans ce monastère abandonné pendant la guerre, dans un confort sommaire – pas d'eau potable aux robinets, des coupures de courant constantes – ils vont alors vivre le quotidien de la communauté, participant aux activités d'aides aux handicapés, aux jeux, aux repas, au nettoyage, aux travaux d'aménagement, aux accompagnements lors des sorties, aux soirées festives telles qu'une soirée cinéma avec un film en anglais " sous-titré en français et présence d'un traducteur anglais-arabe pour les moments clés", une soirée karaoké avec des chansons en arabe et en français, et la soirée d'anniversaire de Ghassan. "Il nous a dit après qu'il était super content, parce qu'on lui a fêté là et que son frère de deux ans son ainé, est décédé à cet âge-là de la même maladie" confie un des garçons Panato.

Et puis, il y avait les prières, car la famille Panato est chrétienne pratiquante et la communauté Anta Akhi est maronite (chrétiens d'Orient). "Tous les jours, il y avait le chapelet, en arabe, raconte Elisabeth Panato ; Nous avions toutefois droit à quelques dizaines en français et tout le monde participait". En fait, comme elle le rapporte, les personnes qui travaillent dans le centre ne sont pas forcément catholiques, ou plutôt de rite maronite, mais elles restent avec les personnes qu'elles accompagnent. "On a vu un soir, entre deux alcôves, une personne qui avait mis son tapis... Il était musulman, mais il était tous les jours au chapelet. J'ai trouvé cette tolérance-là vraiment belle".

Pour Théophile Panato, l'ainé des garçons : "ce fut un voyage génial et il y avait une grande foi là-bas. Les animateurs étaient en permanence à côté des jeunes et c'est un très beau pays".

Plus globalement, ce qui a frappé les enfants Panato, "c'est que ce sont des jeunes qui supportent leur handicap, qui, pour certains ne peuvent bouger ni les pieds ni les bras, et qui sont pourtant toujours joyeux. Ils vivent dans la joie, avec le peu qu'ils ont, alors que nous, on se plaint tout le temps alors qu'on a tout ce qu'il faut". Et puis, ils ont découvert qu'au Liban, "on a le droit de conduire sans casque, sans ceinture et d'être debout dans un minibus... Il y a plein de montagnes très jolies".

Ils ont moins aimé la chaleur, la douche avec très peu de pression et pas très chaude, les coupures de courant, l'absence d'eau potable dans les robinets, les chapelets un peu longs tous les jours...

Mais surtout, maintenant, ils connaissent mieux Ghassan : "petit, il était dans une chorale ; Sa maladie est arrivée vers huit ans. Il a besoin d'un respirateur et il sait qu'il peut mourir à tout moment. Il parle très bien le français et l'arabe et il n'a plus que deux doigts qui fonctionnent. Il sait voir en chacun ses qualités et accueille chacun comme il est".

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Notes : Le Foyer de Tendresse d’Anta Akhi accueille 77 jeunes limités dans leur autonomie de vie. Ils bénéficient d’un accueil adapté aux exigences de leur accompagnement et à la situation familiale. Les jeunes sont accueillis en internat 24h/24, 365 jours par an ou en accueil jour, en dépannage d’urgence et ils peuvent bénéficier d’un accompagnement à domicile... Pour en savoir plus, consulter le site internet d'Anta Akhi France ICI : http://www.antaakhi.fr/

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