Bois de Gwerun – Inauguration intergénérationnelle de l'Espace Le Brizaut

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Date de l'évènement: 
Jeudi, 22 Août, 2013

Lorsque deux vététistes de la Roue d'Or à l'entrainement, passèrent dans la clairière du bois Gwerun ce Jeudi 22 août (2013) vers 19h30, ils ...

...durent penser, en voyant près de 200 personnes sur le lieu, que la Java dans les bois avait été avancée. Mais que nenni : ces gens, élus, riverains, membres du bureau de Gwallspered, sans compter les bénévoles et l'équipe de la régie son du festival, ces gens donc, étaient venus assister au baptême du lieu qui s'appellera désormais : l'espace Le Brizaut – Tarenn ar Brizod, comme en témoigne la plaque commémorative qui a été dévoilée à cette occasion. "Cette plaque commémorative, dit le maire Gérard Le Caër, c'est le signe de la fidélité à un engagement pris il y a maintenant deux ans. Elle est cerclée sur un chêne, symbole de la fierté et de résistance". Et le terme est bien choisi car "résistance", c'est ce que fût la jeunesse de Louis Le Brizaut, 86 ans, présent pour l'inauguration avec sa famille.  Plus jeune d'une fratrie de 8 membres – il avait alors 17 ans - Louis Le Brizaut fût avec ses frères, dès 1942, de tous les actes gênant la progression des allemands vers la Normandie.

Après avoir remercié le maire et l'ensemble des Conseillers Municipaux qui ont voté à l'unanimité la pose de cette plaque en mémoire de ses frères, Louis Le Brizaut raconte : "Ces bois de Gwerun faisaient partie de la ferme de Taveac achetée par mes parents venus de Saint Laurent pour s'installer à Bégard. Longtemps après le décès de mes parents, le partage des terres fût fait et ces landes revinrent à Émile puis à Césarine qui s'arrangea avec la municipalité qui en devint propriétaire […] Cet instant est une occasion de rappeler que nous avons tous un devoir de mémoire car quand le passé n'éclaire plus l'avenir, l'esprit marche dans les ténèbres a écrit un homme plein de gravité" (Ndlr : Alexis de Tocqueville – Philosophe du 19è siècle). Il dira ensuite son émotion et remerciera le Maire, les responsables de Gwallspered et à tous ceux qui sont venus assister à cette cérémonie.

Hommage à la famille Le Brizaut

À la demande de Louis Le Brizaut, Pierre Martin, qui a consacré un chapitre à la famille Le Brizaut dans son ouvrage sur l'occupation à Bégard, rend hommage à la famille : "Le benjamin des dix frères avait 13 ans quand est morte sa mère en 1940, son père ayant quitté ce monde en 1936. Joséphine, l'unique fille qui travaillait à Paris, revint au pays pour s'occuper de ses frères. Énorme responsabilité pour elle, sachant qu'on était en guerre. Cinq des frères ont été mobilisés : Adolphe, Albert, Jean, Yves et Émile. Deux d'entre eux furent fait prisonniers : Adolphe et Albert qui s'évada, au contraire d'Adolphe qui avait cru une libération prochaine promise par les Allemands. Albert revint au pays, à pied, d'Orléans à Bégard et Émile fut libéré en tant que soutien de famille, ce qu'il n'était pas en fait, il avait roulé les allemands avec de faux papiers. Les évènements d'alors ne laissèrent pas indifférente la fratrie Le Brizaut : Alexis, Émile, Louis, Yves et Albert s'engagèrent dans la résistance, avec Jean Le Porchou qui mettait en place un maquis et Émile à Louargat, dans la section de La Marseillaise. Pierre, quant à lui était à l'école navale de Brest et il rejoint les forces navales Françaises libres. "Louis qui était très jeune à l'époque faisait le guet et tirait lui aussi parfois sur le harpon pour abattre les poteaux télégraphiques. Emile de son coté, avec ses copains, faisait dérailler les trains dans les secteurs de Trégrom, Saint-Eloi, et Belle-isle-Bégard. Entre mai et juillet 44, aucun train venant de Brest ou de Rennes n'arriva à bon port. Il y eut ensuite les parachutages d'armes, les combats et le front de Lorient ou Yves perdit un œil". A la libération, les frères Le Brizaut reprirent leur métier de maçon, sans rien réclamer, ni diplôme, ni médaille, ni reconnaissance des autorités de l'époque, Yves refusant même la médaille militaire. "Hommes de l'ombre fidèles à leurs idéaux pour plus de justice et de fraternité, luttant contre toutes formes de racisme, ils continueront toute leur vie à se battre pour une société meilleure". Plus légèrement, Pierre Martin évoquera la fameuse quadrette de boules Négus, composée d'Émile, d'Albert, d'Yves et d'un autre partenaire en alternance, qui écumera les concours de boules avec un succès dont les spécialistes se souviennent. "Émile gardera toute sa vie ce sobriquet de Négus, lui qui pourtant n'avait rien d'Hailé Salassié ni d'un éthiopien". Revenant sur l'objet de la manifestation, Pierre Martin conclut : "Le bois de Gwerun qui vit pendant la guerre tant de bals clandestins et qui servit souvent de dortoir aux frères Le Brizaut pour échapper aux arrestations, portera désormais leur nom et verra demain les jeunes, qui sont ici présents aujourd'hui, prendre la relève d'une certaine forme de résistance dans un autre combat".

"Pour nous ce bois vit tous les deux ans et je suis surpris d'apprendre qu'il y a toute une histoire derrière ce lieu" dira Nicolas Galli, puis c'est au Maire que revint le soin de conclure et de convier l'assistance à un apéritif préparé par Gwallspered et la commune : "Je tire mon chapeau à tous ces jeunes qui font, tous les deux ans, un travail remarquable pour rendre une belle âme à cette clairière. Césarine et Louis, c'est grâce à vous que les jeunes peuvent continuer à entreprendre en ce lieu un tel festival et je suis assez fier d'être ici et maintenant au côté de ceux qui pourraient être mes parents et de ceux qui pourraient être mes enfants".

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