Bégard - Le Conseil Municipal centré sur une affaire de poulets !

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Date de l'évènement: 
Jeudi, 22 Septembre, 2016

Jeudi 22 septembre (2016) s'est tenu un conseil municipal conduit par Vincent Clec'h, le premier adjoint, en l'absence du maire Gérard Le Caër, en congé. Ce conseil était motivé par une urgence : celle imposée par la fin de l'enquête publique relative à l'autorisation d'exploiter pour l'EARL du Menhir, ce qui implique, ...

... dans les 15 jours qui suivent, de soumettre la demande d'autorisation à l'avis des conseils municipaux concernés et impliqués, c’est-à-dire ceux de Bégard, Brélidy, Coatascorn, Pédernec et Saint-Laurent.

148.000 volailles… à intégrer proprement dans l'environnement de Koat Merrot

"L'EARL du Menhir, représentée par Olivier Guevelou et Murielle Bouget, sise au lieu-dit "Garen Milin Donant" en Bégard, a présenté un projet de création d'un élevage avicole de 148.000 emplacements de volailles de chair avec la création de deux poulaillers au lieu-dit Koad Merrot à Bégard" expose le premier adjoint. Le permis de construire a été accepté. "Dans le projet, poursuit-il, les déjections seront reprises par l'Entreprise Huon de Bégard ; On en a la garantie ; Il n'y aura pas de stockage et on a souhaité que les poulaillers soient complètement intégrés d'un point de vue paysager et hermétiques par rapport au voisinage".

Des talus et des arbres vont donc cerner les installations. Chaque poulailler contiendra 7.724 emplacements, "c'est le maximum". Il s'agira d'élever des poulets légers, standards ou lourds, des coquelets, pintades, dindes médium et lourdes.

"Il n'y a pas de création d'emploi selon l'enquête d'utilité publique" intervient Chantal Rouzioux qui lance le débat. Elle s'interroge : "Sur l'année, ce seront quand même près de 1,2 millions d'animaux qui vont circuler et on peut s'interroger sur l'approvisionnement en eau potable ? Pourra-t-on fournir les 6.000 m3 nécessaires ?". Sachant que les établissements Huon prendront en charge les déjections, via un contrat qui prendra fin en 2017, voire en 2018 – il a été signé au départ du projet – l'élue de BAGA s'interroge encore : "Le contrat est-il tacitement reconductible ? Mais si ce n'est pas le cas, il n'y a pas de plan B de prévu dans le dossier présenté". Concernant l'impact visuel, selon l'élue de BAGA, "avec des silos de 9m de haut, il va falloir un certain temps pour que les arbres les cachent". Enfin, elle signale l'importance de la circulation induite par cette exploitation : "l'extraction des déjections se fera en tracteurs et cela va nécessiter beaucoup de va et vient". De fait, interrogé sur la partie voirie, Vincent Clec'h répond : "Avec la commission voirie, on n'a pas souhaité la refaire puisqu'on savait qu'il y avait ce projet en cours et qu'il peut y avoir des dégradations pendant les travaux. On a dit qu'on le ferait après, si l'installation se faisait, sachant qu'il y aura aussi et certainement des modifications à faire sur les réseaux". "A la charge de la commune ?" demande Chantal Rouzioux. "La route oui, mais pas les extensions de réseaux… C'est marqué dans le permis de construire" répond le premier adjoint.

Pour Alain Brunel (BAGA), si "tout semble prévu dans le dossier technique, du moins sur le papier…", il a lui aussi des interrogations sur les transports : "deux camions de livraison d'aliments par semaine… mais il n'y a rien sur l'arrivée des poussins, le départ des carcasses, etc.". Selon lui, les riverains seront certainement impactés par cet accroissement du trafic. "Ce qui me gêne d'autre part, poursuit-il, c'est le discours actuel sur les modifications climatiques qui prônent une diminution des produits carnés. On arrive dans un marché de volaille plus ou moins saturé et on peut se demander si cette production va trouver un débouché autrement qu'en concurrençant des exploitations plus petites. Si on veut maintenir un tissu rural dense, avec des services publics de proximité, il me semble difficile d'émettre un avis favorable à un projet de cette envergure".

Son dernier point sera un point d'ordre éthique : "Je ne sais pas si vous avez eu l'occasion de visiter un élevage industriel, mais pour moi, chaque fois que j'ai eu à y intervenir (NDLR : Alain Brunel était vétérinaire), j'ai été mal à l'aise avec les conditions concentrationnaires et carcérales qu'on réserve aux animaux. On est loin du temps où tous les animaux avaient un nom, faisaient quasiment partie de la famille". Certes, avec 148.000 volailles, cela n'est plus possible ! Avec bien moins non plus d'ailleurs. "Je sais bien qu'on doit évoluer, poursuit Alain Brunel, mais il me semble que si notre société était un peu plus respectueuse des animaux, avait un peu plus de compassion pour les animaux, c'est nous qui serions peut-être un peu meilleurs et moins violents. Pour toutes ces raisons, je donnerai un avis défavorable à ce projet-là".

Pour Vincent Clec'h qui reprend la parole, "ce projet ne va pas contre la ruralité. Ce sont des gens du coin, qui ont déjà investi sur notre secteur… Certes, compte tenu de la concurrence, on arrive sur des tailles d'exploitation plus importantes, mais s'ils y vont, c'est qu'ils ont déjà des accords avec les industriels de la filière. De plus, nous ne sommes pas encore une société de végétariens et il y a aussi des agriculteurs raisonnables, sensibles au bien-être animal avec des systèmes qui favorisent le plein air au détriment des cages".

Chantal Rouzioux contre argumente par un discours sur le maintien de la vie dans les ruralités, sur le modèle économique de ces exploitations "Dans cet élevage, ils ont déjà deux poulaillers, ils en construisent un troisième et ils vivent très bien. Pourquoi, aujourd'hui, aller construire autre chose, étendre sa production ? Si justement le monde agricole était plus solidaire et que l'on partageait plus au niveau des campagnes, on aurait du monde et moins de crises agricoles à répétition". Des réserves émises, ne retenons que celles sur la viabilité de telles exploitations ! Revenant à l'objet du débat, l'AERL du Menhir, pour Hervé Le Gall, "c'est un élevage à taille humaine". "D'ailleurs, renchérit Vincent Clec'h en s'adressant à l'élue de BAGA, vous dites qu'il n'y a pas de création d'emploi, donc ce n'est pas si énorme que cela ; Et puis, quand vous dites qu'il n'y a pas de création d'emploi, allez dire cela aux gens des abattoirs de Gerlesquin…". Puis il recentre les échanges : "On est appelé à donner un avis sur le dossier qui nous est présenté…", "…pas sur la politique agricole ni sur la politique d'élevage au sein de ce poulailler" prolonge Cinderella Bernard qui ajoute : "Je partage l'idée de l'agriculture familiale, de la proximité, de la ruralité… maintenant, on ne peut pas porter, nous, la responsabilité d'une politique européenne. Perso, je trouve bien que ce projet arrive sur la commune… Je préfère qu'il soit là plutôt que de partir ailleurs… je trouve dommage sa localisation, par rapport au menhir, à la proximité avec des gites… mais bon, il faut recentrer le débat".  

Une fois le débat recentré, les élus ont donné leur avis [vote] : les cinq élus de BAGA sont contre, sept autres des élus présents s'abstiennent et treize autres donnent leur accord.

Autres points…

Après ce premier point de l'ordre du jour, lequel a eu le mérite de ne voir personne se voler dans les plumes, quelques autres points furent unanimement votés [vote].

C'est le cas de celui-ci qui autorise Arlette Offret à représenter la commune lors de la signature des conventions de passage en terrains privés de canalisations des eaux usées dans le cadre de l'extension du réseau d'assainissement de Hent Milin Donant et de Hent Poull Ar Vran ;

Ou encore de cet autre qui intègre dans le domaine public communal, les diverses acquisitions faites dans le cadre de régularisations cadastrales ou d'emprises de voirie. Depuis juin 2009, plus de 7.600m2 ont ainsi été réintégrés.

Par ailleurs, Arlette Offret se voit remettre délégation pour signer la Déclaration d'Intention d'Aliéner en lieu et place du maire pour une cession au prix de 305.000€ d'une propriété de 606m2, sise au 56 de la rue Anatole Le Braz et appartenant à la SCI Soluncyr. Cette délibération est nécessitée par le fait que le maire, Gérard Le Caër, compétent en matière d'exercice du droit du préemption, en est empêché en la circonstance, étant par ailleurs actionnaire de ladite SCI vendeuse. Autrement dit, il ne peut pas être juge et partie.

Et enfin, les délibérations prises respectivement les 17 décembre 2015 et 12 mai 2016, se rapportant, pour la première, à l'acquisition d'un talus communal par M. et Mme Hubert Le Luyer, et pour la seconde, l'autorisation de passage d'une canalisation d'assainissement privée appartenant à Yannick Collin demeurant à Lanneven, sont annulées. En effet, les requérants cités ont abandonné leurs demandes.

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