Lundi 9 septembre (2019) – Nous avons évoqué semaine dernière le problème qui touchait l'école publique primaire de la commune. Lors de la rentrée, les parents se sont mobilisés pour demander la réouverture de leur 6ème classe, fermée par l'Académie sur la base d'un comptage estimatif réalisé par celle-ci : l'effectif à la rentrée a été estimé à 120 élèves, bien inférieur à la réalité, puisque ...
... le jour de la rentrée, il y avait 128 élèves pour 5 classes , soit 2 de plus que l'année passée avec 6 classes [NDLR : Voir Rentrée du primaire public : les parents d'élèves sont vent debout...]. Deux jours après, c'est au rond-point de Kernilien que les parents se sont retrouvés pour renouveler l'expression de leur colère et préparer une entrevue avec la direction académique le lendemain. Le jeudi 5 septembre, reçus de la façon la plus impersonnelle qui soit – dehors, sous la pluie, interrogés au travers d'un vasistas par un agent chargé de prendre les noms des personnes qui seraient reçues lors du Comité Technique, ce qui aura le don de faire exploser le Maire de Penvénan, Michel Deniau, venu, avec quelques-uns de ses élus, exposer un problème identique à celui de Pédernec – ils ont été entendus, en présence des syndicats, par une inspectrice d'académie porteuse de la voix du Directeur d'Académie, absent semble-t-il.
Ce même jour, lors du Conseil Municipal qui s'est tenu à 20h30, après que le Maire, Jean-Paul Le Goff, ait retracé l'historique de l'évènement à l'attention des Conseillers Municipaux, Olivier Trédan, membre du bureau de l'Amicale Laïque, venu au Conseil accompagné de parents d'élèves, rapporte la teneur des échanges du matin avec l'Inspection académique : "Il y a 12 demandes de réouverture de classes dans le département... Pédernec est la seule à s'être vue proposer quelque chose. Aujourd'hui, le Comité Technique – c'est une rencontre de l'Académie avec les syndicats pour négocier la carte scolaire – avait pour objet la suppression de 4 classes pour la réouverture de 4 autres classes". Ce qui démontre, dira le parent d'élève, que l'Académie fonctionne à moyens constants. Il rappelle la chronologie de cette affaire : lundi, comptage de l'effectif... L'Académie maintient sa position... Parution d'articles de presse... Mercredi, première proposition au minima : un demi-poste pour 4 matinées. "Ce matin, ça avait évolué, poursuit Olivier Trédan : C'était 2 journées entières assurées par un enseignant et 2 matinées assurées par des enseignants remplaçants, sous réserve, faisant partie d'une brigade, d'épidémie de gastro ou d'autres faits prioritaires". Dans ces derniers cas, Pédernec n'est plus prioritaire ! "Nous n'avons pas de certitude et c'est très compliqué pour l'équipe pédagogique de s'organiser autour de ces moyens, de ce genre de promesse". Il reste toutefois persuadé que cette nouvelle proposition fait écho à l'action faite sur Kernilien et qu'il faut maintenir la pression.
"Je me rappelle que moi, en CP, j'avais une maitresse" évoque Olivier Trédan, suggérant ainsi l'importance de la relation qu'établit un jeune enfant avec son enseignant(e) à cette période de son éducation. "Avec le scénario proposé, compte-tenu des temps partiels, les enfants auront 4 enseignants différents dans la semaine : Marie-Pierre, celui du mi-temps le lundi et le vendredi, le remplaçant du mardi matin, un autre remplaçant le jeudi matin...".
En fait, ils auront 5 personnes, puisque ce jour, Olivier Trédan communique : "Ce qui nous a été attribué au bout de deux jours nous est partiellement retiré". En effet, dans le verbatim de la proposition faite par l'inspectrice sus-évoquée lors de l'entrevue du 5 septembre, il a été dit à propos du demi-poste en renfort : "Donc, c'est bien deux jours entiers, toutes les semaines, avec toujours la même personne" alors que ce jour, lundi 9 septembre, le directeur de l'école a été informé de la présence de 2 enseignants différents les lundis et les mardis et de remplaçants pour les jeudis et vendredis matin. Ces renforts ne s'appliquant qu'aux enfants de 7 ans maximum, "compte-tenu du temps partiel d'une enseignante pour la classe de PS-CP, de la décharge de direction pour le directeur (classe de CP-CE1), ils auront au minimum 5 intervenants par semaine. C'est une excellente préparation au collège..." conclut Olivier Trédan.
"Il faut que l'on pousse encore un peu pour avoir la réouverture de cette 6ème classe, intervient un autre parent d'élève ; D'autant qu'il se dit, et c'est ce que l'on craignait, que les parents ne comprennent pas la nouvelle organisation de l'école et notamment que l'on ait un gros effectif sur le cycle 1 (jusqu'à GS) et le cycle 2 (du CP au CE2), que des enfants de TPS, PS, et CP aient été mélangés... et on a un départ, plus ou moins annoncé, vers l'école privée et que d'autres parents s'interrogent".
"Aujourd'hui, réorganiser l'école avec ce qu'ils nous proposent n'est pas possible, s'accordent les parents ; Rien n'est certain pour les deux demi-journées, les enseignants devront préparer leur classe deux fois : comme s'il n'y avait personne et comme si un collègue allait venir, à 8h45 au mieux, sans qu'il soit alors possible d'expliquer les objectifs d'apprentissage, les difficultés de certains élèves, les outils utilisés... pour une classe qui commence à 8h45". Pour le collectif des parents de Pédernec, "cinq (5) classes, ce n'est pas possible ; Cinq classes et demie (5,5), ce n'est pas possible ; Cinq classes trois-quarts (5,75) ce ne sera pas possible ; La seule alternative, c'est 6 classes pour que l'on ait des CP et des CE1 en classes entières et les petits ensembles". Pour les parents, ce que ne veut pas entendre le Rectorat, "c'est que les mauvaises décisions dans l'enseignement public font les choux gras de l'enseignement privé". "J'ai l'impression que le principe de la laïcité est remis en cause par des choix purement comptables" ajoutera l'un d'entre eux.
Certes, les parents reconnaissent que la proposition qui est faite va dans le bon sens : "Ils ont reconnu que Pédernec avait un problème, ils n'auraient rien proposé sinon", mais c'est insuffisant. L'inspecteur d'académie, Philippe Robert, comme il l'a confié lors de sa venue sur Pédernec, a une approche systémique : "Il doit avoir une vue sur l'ensemble du département. Il y a une enveloppe budgétaire du nombre de postes et vous vous débrouillez avec ça" rapporte Oliver Trédan, mais c'est son problème à lui, pas le nôtre", d'autant que, précise une autre parent d'élève, "c'est exactement les préconisations du Ministère de l'Education Nationale : la priorité est l'école élémentaire, les effectifs de 24 élèves pour les classes du 2ème cycle, l'importance des petits de la maternelle... et ce que l'on demande, c'est qu'ils mettent en place les recommandations de l'Education Nationale" et de conclure : "Si le ministère le dit et qu'eux, au niveau local, ils n'ont pas les moyens d'appliquer les directives, il faut qu'ils remontent l'information et qu'ils se battent pour cela. Ce n'est plus notre combat, c'est le combat de leur académie".
La mobilisation va donc se poursuivre... Les parents envisagent l'occupation des classes, des nocturnes, une pétition a été déposée en mairie et dans les commerces de la commune : Les parents sont allés dans les forums des associations pour expliquer le problème et les faire signer. Une sollicitation de la fédération des œuvres laïques pour défendre le principe de la laïcité est envisagée - "On a bien senti que cet argument de laïcité, ils ne voulaient pas l'entendre ! " - un rassemblement avec d'autres écoles ... "Mais en tout cas, l'offre qui est sur la table, n'est pas satisfaisante" s'accordent les parents de Pédernec.
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Note : Dimanche 8 septembre, au micro de CNews, Jean-Michel Blanquer, le Ministre de l'Education Nationale parlait des engagements pris par l'Etat [NDLR : La vidéo est ICI]. En exergue, voici ce qu'il a déclaré à la suite d'une évocation de la violence dans les écoles : « [...] la méthode la plus sage est d'avancer au service de notre pays et donc au service de nos enfants et pour cela on a besoin que l'école évolue et surtout qu'elle assure sa fonction éternelle qui est d'incarner la République et de permettre que les enfants progressent [...] Je parle d'école de la confiance [...] et pour cela il faut une école qui donne une bonne formation à tous, qui permette, dès le plus jeune âge, de respecter les principes essentiels : lire, écrire, compter et respecter autrui. C'est un premier message considérable et c'est ce que nous sommes en train de faire avec la revalorisation de l'école maternelle, par le CP et le CE1, c’est-à-dire de réussir une bonne entrée dans la vie de tous les enfants en ayant une attention particulière vers ceux qui sont dans les situations les plus défavorisées afin que l'acquisition de vocabulaires, la capacité à maitriser bien la langue française soit l'antidote majeur contre la violence, facilitée par le dédoublement des classes – ce sont 300.000 enfants qui sont concernés en cette rentrée – et d'ici la fin du quinquennat, ce sera 450.000... dans toutes les classes de France... C'est ce à quoi on s'engage ; Vous n'aurez pas plus de 24 élèves en section de maternelle, en CP et en CE1. Nous prêtons une attention particulière à ces premières années de la vie où on peut transmettre aux enfants les valeurs de la République... ». Selon lui, 2.000 enseignants sont recrutés par rentrée depuis 2017.