CdC du Pays de Bégard : "Nécrospective"

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Date de l'évènement: 
Mercredi, 21 Décembre, 2016

Mercredi 21 décembre (2016) … C'est l'hiver ! La saison des hibernations ! Et celle de la Communauté de Communes du Pays de Bégard va être longue… Eternelle même ! Mais qu'on se rassure… s'il n'y aura pas de réveil,...

...  il y aura mutation. PdB(1) est mort ! Vive GP3A(2) ! Ce mercredi 21 décembre, après un dernier conseil communautaire au cours duquel les délégués ont vidé les tiroirs (NDLR : Voir "Dernier Conseil du Pays de Bégard"), Vincent Clec'h a présidé une cérémonie de clôture en présence de l'ensemble du personnel communautaire, des élus des communes du Pays de Bégard, les présidents successifs de l'EPCI(3), des représentants d'associations et du sous-préfet de Guingamp, Frédéric Lavigne. "La Communauté de Communes du Pays de Bégard a 20ans. Elle va quitter la vie de célibataire pour se marier… un mariage à sept ! Une nouvelle aventure qui commence" introduit l'actuel président de la CdC(4), Vincent Clec'h avant de donner la parole à chacun des présidents qui l'ont précédé à la barre de la structure communautaire.

Noël Bernard sur la réserve

Le premier des présidents fut Noël Bernard et c'est lui qui prend logiquement la parole, "avec une certaine émotion et une certaine tristesse". "Nous arrivons au terme d'un processus que nous avons mené ensemble, élus des sept communes de notre ex-canton de Bégard, depuis 25 ans" déclare-t-il en évoquant le SIVOM, à l'origine de la structure communautaire : "C'est la création du SIVOM en syndicat intercommunal à vocations multiples, créé en octobre 91, qui a véritablement structuré nos relations. Ses compétences, les équipements économiques mais aussi l'enfance, les personnes âgées, l'habitat, le tourisme, l'école, le sport, la culture… c'est pratiquement tout ce que l'on retrouve actuellement dans les Communautés de Communes, sauf que les ressources n'étaient pas les mêmes : elles étaient essentiellement liées à la taxe professionnelle et aux cotisations des communes au prorata de leur population. On n'en était pas encore aux EPCI, qui, elles, lèveront l'impôt". Il se félicite ensuite des actions réalisées alors en collaboration avec les communes telles que la disparition de toutes les ruines dans les bourgs, les actions menées dans le domaine associatif et culturel, la création du comité d'entraide "qui a rendu et rend toujours d'innombrables services". "Mes chers collègues et amis, poursuit Noël Bernard, ce que je retiendrai surtout, c'est la qualité des liens qui étaient les nôtres, cette volonté commune de rendre un meilleur service à la population sans discrimination, dans le meilleur esprit possible, le même qui a prévalu à la création de la comcom ensuite ; Je crois que cela a été possible car nous nous sommes toujours trouvés dans une structure à taille humaine où tout le monde se connait, où chacun peut appréhender les dossiers et en assurer le suivi, ou chacun, aussi, a des comptes à rendre à la population et finalement dans une organisation où la démocratie est un gage d'efficacité économique et sociale". Quant à l'avenir, l'élu est très réservé : "Je crains fort, vous voudrez bien m'en excuser, que nous ne retrouvions pas ces conditions dans la nouvelle agglo dans laquelle nous nous engageons avec 75.000 habitants, 57 communes, près de 100km du nord au sud, aucune identité géographique, économique ou culturelle". Pour lui, cela se traduira par un éloignement des décideurs des citoyens "et donc par moins de démocratie et d'écoute…". Cela ne l'empêche toutefois pas d'émettre des vœux de réussite pour la nouvelle agglomération de communes, "qu'elle trouve des conditions de financement correctes et que les communes n'en pâtissent pas et gardent les financements nécessaires pour répondre aux besoins de leur population. J'émets aussi le vœux, pour les nouveaux élus, de pleine réussite dans leur mandat, avec le sens de l'intérêt général et en restant au plus près des gens… et ils n'auront pas la chose facile". Il dit enfin son plaisir d'avoir travaillé avec les élus du canton et "pour un communiste, quand on parle de communes, de communautés et de biens communs, comment aurait-il pu en être autrement" et de conclure en la circonstance : "Vous ne serez pas surpris, chers collègues, que Noël vous souhaite un joyeux Noël à tous".

Gérard Le Caër :"il faut être positif"

C'est Gérard Le Caër qui succéda à Noël Bernard aux commandes du SIVOM devenu Communauté de Communes du Pays de Bégard, qui prend ensuite la parole. "L'intercommunalité va s'inscrire dans une nouvelle grande dimension dès l'année prochaine, déclare-t-il ; Elle élira son président le 9 janvier prochain, ses vice-présidents, ses conseillers délégués et elle installera ses 86 conseillers communautaires. C'est quelque chose que nous n'avons pas vu d'emblée comme une meilleure chose. On trouvait que c'était un peu grand… On avait d'autres perspectives avec des communes du centre Trégor… mais les choses ont évolué et il fallut, bon gré, mal gré, rallier cette nouvelle grande intercommunalité GP3A". Pour le maire de Bégard, ancien président de l'intercommunalité, il faut rebondir, "car maintenant, c'est parti et il nous faut être positifs". "Il faut avancer, déclare-t-il avec conviction, être performants sur les dossiers, avec des vice-présidents, des délégués - des gens au-delà des bisbilles politiques qui ne font pas plaisir actuellement à la population, loin s'en faut - et qui sauront s'atteler à des dossiers, les mener et avancer ensemble pour le bien-être des habitants de notre territoire". Pour l'exemple, il rappelle combien le fonctionnement de l'ancienne EPCI a su s'affranchir des écueils : "Force est de constater que nous avons toujours laissé nos mauvaises armes au vestiaire avant d'entrer en salle de réunion, pour travailler ensemble ensuite, toutes politiques différentes que nous représentions les uns les autres, et c'est hyper important pour le bien commun" puis il illustre ce fonctionnement avec les principales réalisations communautaires : "Pendant ces sept ans Gérard Le Caër a présidé la CdC du Pays de Bégard de 2001 à 2008 – ce fut une période intéressante, avec des subventions qui étaient au rendez-vous. On a réussi à faire une première chose importante : passer de la MJC de Bégard à la MJC du Pays de Bégard, c'est à dire offrir aux sept communes du canton autant de choses qu'il y en avait avant à Bégard, en doublant, il fallait l'oser, la subvention". Ainsi, à cette époque, la subvention est passée de 60.000€ à 120.000€… "et depuis vous avez travaillé, la subvention est passée à 161.000€ et la structure associative est pérennisée". Ce dernier point est fondamental pour l'édile de Bégard, car la MJC, "c'est 900 adhérents et une politique culturelle en faveur de la jeunesse qui irrigue nos petites communes et c'est important, notamment en matière d'attractivité".

Dans son bilan, il cite aussi Le Palacret : "On a acheté le Palacret, à l'unanimité à l'époque". Il rappelle qu'alors, le propriétaire - M. Le Moulec - voulait que ce domaine ne passe pas au privé et reste pour la mémoire dans le domaine public. "On y a mené de gros aménagement, financés à l'époque à hauteur de 72% et je suis content et fier de voir, alors que nous étions au milieu du gué, que le Conseil Communautaire d'aujourd'hui a décidé d'aller jusqu'au bout et de professionnaliser ce site, afin qu'il soit un atout touristique entre la vallée des Saints et Paimpol".

Et de poursuivre son bilan : "On a créé un camping… 3 étoiles, qui fonctionne bien, avec de nouveaux chalets qui vont se construire… On a acheté le siège de la comcom, les anciens haras de la place Laennec… On a beaucoup travaillé sur les logements pour personnes à revenus modestes, en effaçant les ruines dans toutes les communes - c'était une volonté politique, partagée, de ne pas faire que des lotissements en périphérie des bourgs mais de donner un peu d'âme, d'animation, de vie dans les centres bourgs - nous avons travaillé sur les extensions des zones d'activité, à Squiffiec, à Bégard, à Pédernec, on a construit une crèche, en 2008, avec près de 75% d'aides car le projet était soutenu par le Conseil Général et la CAF".

MJC, Palacret, camping, siège de la Comcom, logements, zones d'activités, crèche… sept gros dossiers… sept travaux… "une liste que l'on peut comparer aux sept travaux d'Hercule" image Gérard Le Caër, avec un poil d'emportement métaphorique au point d'en oublier cinq au passage, de travaux d'Hercule, mais qui se félicite de les avoir faits, ces travaux, avec une équipe, "une équipe de copains, de copines, de gens avec qui on peut travailler humblement, simplement, concrètement" même si Hercule avait fait seul les siens. Mais trève de métaphore, pour lui, ce sont ces rapports humains et collaboratifs qu'il faudra préserver dans la nouvelle organisation territoriale de demain ; Pour lui, les élus sont là pour accompagner les citoyens, les aider dans leurs projets, favoriser leurs demandes et il redit la confiance qu'il garde en ses collègues et collaborateurs de l'agglo pour continuer en ce sens, puis de conclure : "Continuons, autant que faire se peut, dans la nouvelle agglo, à nous inscrire, avec vigilance et esprit de construction, dans un développement permanent, avec égalité, fraternité, justice, pour que nos concitoyens viennent plus nombreux s'installer ici. C'est ainsi que l'on redonnera un vrai sens politique à la politique".

Jean Ribaud, anecdotique

Beaucoup de choses ont été dites lorsque le troisième président, Jean Ribaud, intervient. Il a officié 23 ans à la Comcom, "de l'origine jusqu'en 2014 en tant que vice-président ou président" et il a connu beaucoup d'aventures, "sans s'étendre sur la station de tourisme vert ou la montgolfière, la maison de la nature à Kermoroc'h, le Palacret…". Pour cette soirée de clôture, il sera donc le rapporteur d'anecdotes, dont notamment celle se rapportant à la zone de Squiffiec : "Cette zone, on l'avait imaginée avant la création du SIVOM. Quand Noël Bernard prend la présidence du SIVOM, on ose proposer l'idée - ça passe ou ça casse - et Noël me dit : c'est pas con, on peut y aller. On trouve le terrain, le prorio est de St Quay"… et il s'ensuit une longue, longue, longue anecdote qui met les qualités de négociateurs de Noël Bernard en avant – "en matière de négociation sur le terrain, je suis imbattable !" avait-il annoncé à Jean Ribaud sur le chemin de St Quay pour conclure l'achat – une longue anecdote où il est question d'offre d'achat à 2 francs le m2 "quand le proprio en veut 6", et qui sera finalement acheté 2 francs, moyennant propositions de faire jouer les indemnités de terre de culture – "1,5 francs supplémentaires" - l'indemnité d'éviction – "1,5 francs supplémentaires" ; "On arrive à 5 francs… poursuit Jean Ribaud, mais le proprio en veut 6 et Noël sort son arme secrète : l'indemnité de clôture, valorisée selon les poteaux, en pin 0,25F, en châtaigniers traités à cœur, 0,5F, en galvanisé, 0,75F et 1F pour les poteaux en inox… Le propriétaire annonce alors : j'prends les poteaux en inox et voilà comment, en 12mn, on a réglé la vente du terrain de la zone de Squiffiec… D'autres achats ont été plus compliqués ensuite…". Une intervention joyeuse de l'élu, qui aura duré 14 minutes, plus longtemps que l'achat du terrain de Squiffiec.

Vincent Clec'h, ému et fier…

Quatrième et dernier président de la CdC – le liquidateur ! – Vincent Clec'h, avant de rendre hommage à l'ensemble des personnels de la Communauté de Communes, livre son sentiment à l'issue des deux années passées à la tête de la CDCI : "Mon premier sentiment vis-à-vis de mon mandat de deux ans, c'est de la fierté ; Fierté d'avoir abordé tous les sujets importants, d'avoir mené des missions d'intérêt communautaires et générales. Aucun sujet n'a été écarté ; Nous avons, nous élus, pris nos responsabilités politiques, pour l'intérêt de notre territoire et de son développement. Fierté de la teneur de nos débats qui ont permis à tous les élus de s'exprimer, d'être entendus, d'être écoutés, avec respect et convivialité. Nous avons appris à nous connaître et à travailler ensemble. C'est le secret de notre réussite. Fierté d'avoir mis notre territoire en action dans un temps restreint. Tous nos projets ont été réalisés, ou sont en cours d'exécution, malgré les travaux de la fusion. Notre territoire est en action, dynamique et en mouvement prêt à affronter la vie à sept. Fierté d'avoir bien préparé notre territoire à son mariage et en ce qui nous concerne, la dot de la mariée est belle. Nous avons su défendre les intérêts de notre personnel communautaire – dans le futur organigramme, aucun agent n'a été laissé sur le côté du chemin – nous avons également défendu nos valeurs qui se retrouvent largement dans les principes fondamentaux de la construction de l'agglo - proximité, service public, préservation des particularités territoriales (MJC et EM3R), gouvernance territoriale et politique partagée, maitrise de la fiscalité - avec des fonctionnaires qualifiés et motivés…" et de conclure de façon plus personnelle : "j'aime ma commune, j'aime mon territoire et c'est pourquoi j'ai mis toute mon énergie, ma passion dans mon mandat de Président. Nous avons eu des moments difficiles qui ont su être effacés par le sentiment du travail accompli et le plaisir d'avoir fait ce bout de chemin avec vous, agents, élus, qui avez été acteurs du territoire".

Frédéric Lavigne : garder la mémoire de l'actuel territoire

C'est au sous-préfet de Guingamp qu'est revenu le soin de clore le volet "déclarations" de cette soirée d'enterrement et de rétrospective. "Ce sont les présidents successifs qui ont construit ce territoire, cette entité, qui ont construit les services en place et avant de tourner une page, il convient de se souvenir des hommes et des femmes qui ont œuvré, déclare Frédéric Lavigne ; Il est difficile de tourner la page, je le sens ce soir, comme je l'ai senti hier à Pontrieux. Je sais que ce projet est l'objet d'inquiétudes ; C'est un projet qui change d'échelle ; Certes, on n'y va pas le drapeau en avant mais on y va et on est positif… et c'est la bonne méthode. Ce n'est pas parce que l'on construit de grandes agglomérations que les territoires disparaissent… Vous verrez qu'il restera toujours une organisation plus locale". Le sous-préfet se veut rassurant, persuadé que la mémoire de l'actuel territoire sera sauvegardée : "Ici plus qu'ailleurs, vous êtes attachés à votre territoire et vous le garderez ; Ne pensez-pas que vous allez vous noyer dans une grande entité. Gardez cette position que vous aviez sur le Pays de Bégard, parce que les populations le réclame" et de conclure : "Il y a un chemin à construire ; Ce chemin, il faut le suivre, droit devant, ne jamais baisser les yeux ; Les petites pierres que vous êtes doivent le paver, construire ce nouvel avenir. Vous devez être les acteurs de demain car vous avez été les acteurs d'hier !".

Pour se souvenir...

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Notes : (1) PdB : Communauté de Communes du Pays de Bégard – (2) GP3A : Communauté d'agglomération Guingamp, Paimpol Armor Argoat Agglomération – (3) EPCI : Etablissement Public de Coopération Intercommunale – (4) CdC : Communauté de Communes

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